
En France, un nouveau collectif veut protéger l’intégrité de l’élection présidentielle
Radio-Canada
À moins de deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle française, des experts en désinformation et en processus électoraux veulent protéger l’intégrité de la démocratie dans l’Hexagone. D’autant plus, dit l’une de ces spécialistes, « qu’il y a eu plusieurs exemples [de tentative de fragilisation du processus électoral] autour de différents scrutins par le passé ».
Cette spécialiste, Iris Boyer, la secrétaire générale de la branche française de l’Institut pour le dialogue stratégique, fait partie d’une dizaine d’organisations regroupées sous l’égide de Reset, un mouvement qui dit vouloir changer la façon dont Internet priorise la dissémination de nouvelles et d’informations, pour que le modèle d’affaires des géants de la technologie serve l’intérêt public plutôt que de purs intérêts corporatistes.
Dans le cadre de leur travail, les experts de ce groupe de veille analysent les informations (et surtout la désinformation) qui circulent sur le web français, dans le but de dénicher des tendances qui pourraient saper la légitimité des scrutins à venir.
Pour Mme Boyer, le fait est que nous avons eu des exemples précédents, dans différents pays, et qu’à chaque fois, ces tentatives d’influencer le scrutin prennent des formes vraiment différentes qui évoluent rapidement – on peut avoir parfois des campagnes très coordonnées, avec la création d’acteurs non authentiques, mais aussi l’utilisation massive de comptes authentiques, mais coordonnés autour d’un même objectif… On a également vu des problématiques liées aux publicités en ligne, dont on n’a pas nécessairement la même compréhension.
Toujours selon Mme Boyer, il est donc nécessaire d’exposer sur la place publique d’éventuelles tentatives de mettre en danger l’intégrité du scrutin présidentiel.
C’est important que cela ne vienne pas directement des autorités de réglementation, du gouvernement, ou encore des plateformes, pour qu’il y ait un équilibre des acteurs qui observent ces phénomènes.
Pour Théophile Lenoir, consultant pour Reset, les campagnes de manipulation de l’information en ligne sont un peu devenues une norme. Le fait qu’ils existaient en 2016 [lors de l’élection de Donald Trump aux États-Unis, NDLR], et en 2017 [au cours de la précédente présidentielle française, où des courriels de l’équipe d’Emmanuel Macron ont été piratés, NDLR], et qu’ils aient été identifiés et réglés ou non par la suite, c’est une chose, mais aujourd’hui, ces enjeux sont assez récurrents, ajoute-t-il, avant de souligner qu’à chaque élection, il y a à nouveau ce besoin de faire une veille.
De fait, l’évolution des méthodes employées par les acteurs mal intentionnés justifie elle aussi une veille entretenue, poursuit M. Lenoir.
La présidentielle française se déroule par ailleurs dans un contexte particulier, soulignent les deux spécialistes, puisque l’élection va se produire au sortir d’une période très mouvementée, avec des questions de pass sanitaire, avec des enjeux de désinformation qui se sont surtout centrés autour de ces débats-là ces derniers mois, et qui ont ensuite transitionné vers une situation géopolitique qui a phagocyté les débats.