En désaccord politique avec leur État, ils veulent en redessiner les frontières
Radio-Canada
Mitchell, en Oregon, un petit village de 170 habitants à mi-chemin entre Portland et la frontière avec l’Idaho, se résume à quelques commerces sur un court tronçon parallèle à l’autoroute. Clignez des yeux, et vous passerez tout droit.
Il y règne une impression de solitude tout aussi politique. Dans le petit magasin de souvenirs, la tenancière affiche ses couleurs, clairement antidémocrates, sur son chandail marqué d'un Let’s Go Brandon bien en évidence.
L’est de l’Oregon n’est pas représenté suffisamment sur le plan politique. Notre vote ne compte pour rien à cause de quelques petits comtés qui contrôlent tout, souffle-t-elle.
Ces petits comtés, comme elle dit, sont ceux de Portland et de Salem, la capitale, menés par les démocrates et situés dans l’ouest de l’État. En opposition totale, l’est, très conservateur, n’en mène pas large avec son poids très minime face à des politiques très libérales.
La solution la plus évidente, selon ses promoteurs : que l’est de l’Oregon soit rattaché à l'État voisin de l’Idaho, très conservateur.
C’est ce que pense aussi Gabe Salvage, le propriétaire de l'épicerie du coin, juste à côté du magasin de souvenirs de Mitchell. Un peu comme la viande qu’il passe à la moulinette pour en faire de la saucisse, il broie, une par une, les positions défendues par le Parti démocrate, au pouvoir dans son État, depuis trop longtemps selon lui.
Il y a eu une grave déconnexion pendant la pandémie et sur d’autres enjeux sociaux, constate l’épicier-boucher. Oui, dans l’est de l’Oregon, on pense qu’un bébé dans le ventre est un bébé dans le ventre, pas un foetus, un bébé qui a des droits et qui ne peut pas être avorté. On est plus en accord avec l’Idaho sur ce point.
Si l’avortement est un des grands enjeux idéologiques, il y a aussi celui de la foresterie, selon lui. Pour des gens ici, c’est leur gagne-pain, mais c’est difficile parce que la capitale démocrate décide pour eux de ce qu’il faut faire ou pas.
Déplacer la frontière pour agrandir l’Idaho n’est pas une mince affaire. D’abord, le territoire touché, énorme, représente environ 60 % de l’État de l’Oregon. Par contre, sa population, d'un peu moins de 400 000 personnes, compte pour 9 % de celle de l’Oregon.