Dormir dans une ancienne prison hantée à Ottawa
Le Journal de Montréal
Entouré de boutiques et de restaurants, à quelques pas du Marché By à Ottawa, se trouve un lieu historique intrigant qui accueille les voyageurs d’ici comme d’ailleurs. Transformée en auberge de jeunesse il y a maintenant 50 ans, la prison du comté de Carleton est devenue l'auberge Saintlo Ottawa Jail Hostel, un hébergement où vivre une expérience unique teintée d’un sombre passé.
Lorsqu'on entre dans l'auberge, l'histoire saute aux yeux. Les visiteurs sont accueillis à l’endroit où la famille et les amis des détenus venaient leur rendre visite. En franchissant la lourde porte qui les séparait, on tombe sur une grande cage d’escalier aux allures lugubres, menant tour à tour aux deux ailes de la prison.
Dans l’aile gauche se trouvent les chambres des travailleurs de la prison alors que l’aile droite logeait les prisonniers. L'aile des travailleurs offre des chambres privées confortables et bien aménagées ainsi que des dortoirs. L'aile des prisonniers, quant à elle, propose des chambres doubles et individuelles, en cellules barrées à clé, cordées dans un long corridor. L’espace est restreint, mais accueillant. Aux extrémités des couloirs se trouvent les douches et les salles de bains communes.
Les lourdes portes de fer, les murs de pierres et les plafonds arqués rappellent le sinistre passé de ce lieu. L'architecture de la prison a été conservée avec soin, avec l’ajout - important - d’une touche de confort.
L’un de ces fascinants éléments architecturaux est les « toits tambours »dans les couloirs et les cellules, pour amplifier l'écho sur les étages. Cette caractéristique particulière a été conservée de l'époque de la prison pour que les gardiens puissent entendre tous les bruits et que les prisonniers aient toujours l'impression d'être surveillés. Aujourd'hui, cet élément crée assurément une ambiance particulière, où l’on a l’impression d’être à la fois seul au monde dans sa cellule, mais entouré de voix et de pas environnants.
Puisque le moindre chuchotement se fait entendre et que les lourdes portes sont loin de s’ouvrir discrètement, il faut savoir qu’il est difficile de tomber dans un sommeil profond et de s'abandonner dans les bras de morphée toute la nuit.
Ceux qui croient aux fantômes seront excités d’apprendre que l’endroit à la réputation d’être le plus hanté d’Amérique. La nuit tombant, les esprits des personnes qui y ont été emprisonnées entre de 1862 à 1972 s’y promèneraient. Sans compter que de nombreux corps ont été enterrés sur le terrain de l’auberge.
Heureusement, les barreaux de porte laissent passer la lumière du corridor éclairant la chambre d’une douce lueur tout au long de la nuit. Cette « veilleuse » naturelle permet de surveiller les apparitions fantomatiques.
Dans chaque cellule, une plaque informative présente l’histoire de l’un de ces locataires en spécifiant la nature du crime pour lequel ils ont été incarcérés et ainsi que leur sentence. À l’époque la prison accueillait tant les hommes que les femmes, tous âges confondus, pour des crimes tels que vol, meurtre, bigamie, vagabondage, trahison, etc. Le plus jeune prisonnier était âgé de 7 ans et le plus vieux avait 87 ans.