Dorion injuste envers l'Assemblée nationale
TVA Nouvelles
En annonçant son départ, Catherine Dorion s'est payée une charge contre l'Assemblée nationale.
L'institution, selon la députée de QS, serait «extrêmement contraignante avec des cadres rigides, vieux et passés dates».
Mais qu'est-ce que cette méchante institution l'a empêché de faire, de dire?
Certes, il y eut une controverse initiale sur son «linge», qui heurtait le code vestimentaire. Mais Dorion a finalement pu s'habiller comme elle le souhaitait, c'est-à-dire enfiler l'uniforme rebelle contemporain: bottes Dr. Martens, tuque, coton ouaté, etc. Un conformisme comme un autre...L'institution l'a-t-elle censurée? Non. Elle en a convenu elle-même dans son point de presse, hier.
Elle put railler sans relâche le projet caquiste de 3e lien. Fustigea la ministre de la Culture pour sa piètre gestion du patrimoine... (avant d'approuver que la Maison Chevalier à Québec passe à des intérêts privés).Au reste, des poèmes, elle en a lus en chambre (comme d'autres «députés-poètes» avant elle. Elle n'a rien inventé).En 2018, dans un beau discours, elle parla du problème qui était, selon elle, «la pierre angulaire de tous les autres [...] la solitude, qu'on pourrait aussi appeler la désintégration de la culture». Qu'a-t-elle proposé en quatre ans pour lutter contre ce fléau? Un projet de loi? Une politique? Je cherche.
Au Salon bleu, on lui a interdit, oh horreur!, de prononcer certains mots. Question de décorum (notion qu'elle abhorre, source d'entraves inacceptables).Or, ce cadre langagier, imposé aux élus, s'accompagne paradoxalement d'une grande latitude. Un privilège, en fait, qui garantit une liberté d'expression maximale: à l'intérieur de cette même chambre, l'élu est protégé contre toute poursuite judiciaire. À l'extérieur, il peut choisir ses mots, mais son privilège expire.
Je me demande au fond si, avant de juger l'institution, Dorion a vraiment pris le temps de la connaître. Les cadres dont elle se plaint ont été forgés et modernisés, depuis 1792. Des strates de sagesses ralentissant les processus, mais ayant pour but de favoriser la bonne prise de décision collective.
Au fait, je n'ai souvenir d'aucune intervention marquante, dans une commission parlementaire, de la part de Dorion, par laquelle elle aurait cherché à améliorer un texte. Je n'ai retracé qu'une proposition d'amendement dans le projet de loi 69 sur le patrimoine. En quatre ans...Enfin, comment a-t-elle pu affirmer que l'institution «rend difficile les transformations sociales qui seraient bonnes pour le Québec». Comme si, depuis 100 ans, la maison de notre démocratie avait entravé l'extension du droit de vote, la création d'un ministère de l'Éducation, la nationalisation de l'électricité, la Loi 101, l'assurance-médicaments, l'équité salariale, les CPE, les congés parentaux, etc.
La manière dont Catherine Dorion a fait de la politique «institutionnelle» - comme elle le dit avec dégoût - avait quelque chose de juvénile. Plusieurs ont cru y voir une «enfant terrible», alors qu'elle ne fut peut-être, surtout, qu'une sorte d'enfant-roi en mal d'attention.