
Donald Trump et le cirque de la république bananière
Radio-Canada
Depuis l’annonce par Donald Trump lui-même qu’il serait arrêté demain, bien des républicains le soutiennent face à cette attaque, digne, selon eux, d’une république bananière. C'est l’occasion pour l’ex-président de tester la loyauté de ses partisans et de solliciter leurs portefeuilles avant tout.
Sortie de nulle part, cette déclaration de Donald Trump sur son réseau Truth Social samedi a de quoi faire sourciller. Selon lui, des fuites illégales du bureau du procureur général de Manhattan lui auraient confirmé que son arrestation aurait lieu mardi. Une déclaration qui a même surpris ses avocats, qui, eux, n’ont reçu aucune notification sur ce plan de la part du procureur, Alvin Braggs.
Mais arrêté pourquoi d’abord? Rappelons que peu de temps avant l'élection présidentielle de 2016, Stormy Daniels, une actrice porno, avait reçu un paiement de 130 000 $ en échange du silence sur une allégation vieille de 10 ans d'une liaison avec Trump. Le paiement avait été fait par Michael Cohen, qui était alors l'avocat de l'homme d'affaires. Trump a ensuite remboursé Cohen avec des chèques personnels alors qu’il était président. En 2018, Cohen a plaidé coupable de crimes liés au paiement et a purgé une peine de prison.
Toute cette affaire tourne autour de la question de savoir si Trump a illégalement couvert ce paiement de 130 000 $ effectué par son ancien avocat. Dans le cas d'une réponse positive, cela pourrait représenter une violation de la loi sur le financement des campagnes électorales. En matière de défense, Trump a dit qu'il n'avait rien fait de mal et a nié avoir eu une liaison avec Daniels.
Comment a réagi Donald Trump depuis samedi? Comme il le fait souvent lorsqu’il est attaqué : il a tout fait pour discréditer les tentatives de reddition de comptes, en essayant d'intimider les procureurs, en faisant pression sur les hauts responsables du Parti républicain pour qu'ils prennent sa défense et, enfin, en mobilisant les partisans de sa base grâce à la victimisation.
Premièrement, les attaques avec ces quelques échantillons publiés sur Truth Social. Notre nation est aujourd’hui un pays du tiers-monde en voie de disparition. Le rêve américain est mort!
« Les anarchistes radicaux de gauche ont volé notre élection présidentielle, et avec elle, le cœur de notre pays. Les patriotes américains sont arrêtés et maintenus en captivité comme des animaux, tandis que les criminels et les voyous gauchistes sont autorisés à errer dans les rues, à tuer et à brûler, sans aucune [punition]. »
Le tout en lettres majuscules. Déclarant que ces accusations sont infondées, l'ancien président poursuit dans la même veine : Des fuites illégales provenant d’un bureau de procureur corrompu et hautement politique de Manhattan, qui a permis d’établir de nouveaux records en matière de crimes violents et dont le chef est financé par George Soros, indiquent que, sans qu’aucun crime puisse être prouvé et sur la base d’un vieux conte de fées entièrement démenti (par de nombreux procureurs), le candidat républicain de loin le plus important et l’ancien président sera arrêté mardi. Protestez, reprenez votre nation.
Plusieurs ont comparé cet appel à manifester à celui du 6 janvier 2021, qui a précédé l'assaut sur le Capitole, à Washington.