Dominique Scali, romancière au long cours
Radio-Canada
Une île fictive au beau milieu de l’Atlantique. Une Cité, ses murs et les riverains qui s’y butent. Un 18e siècle reflétant des enjeux résolument contemporains. Et une sirène - sans queue! - prénommée Danaé, capable de voler d’une main et de secourir de l’autre. Dominique Scali publie Les marins ne savent pas nager, un deuxième roman au souffle épique, battu par les vents et les vagues du destin.
Sous la plume de Dominique Scali, l'île d'Ys abrite de nombreuses dualités.
D’un côté, les citoyens de la Cité vivant entourés des murs les protégeant deux fois l’an des grandes marées. De l’autre, les riverains devant alors se réfugier dans des grottes dans l’espoir de ne pas y mourir noyés au bout de leurs cris de détresse.
D’un côté, les terriens, préférant la stabilité du sol sous leurs pieds, le confort d’un lit ou la récolte à même les plages des cargaisons des bateaux échoués. De l’autre, les marins, arpentant les mers pour aller voir ailleurs s’ils y sont, écumant les navires étrangers ou pêchant pour subsister.
D’un côté, Danaé, inspirée de La Petite Sirène d’Hans Christian Andersen. De l’autre, les quatre éléments par lesquels elle vivra par monts et par vaux, sur terre comme sur mer, entre amours et pertes, espoirs et désillusions, la Cité et les Criardes.
L’héroïne de Dominique Scali sait nager, contrairement à la majorité des gens qu’elle côtoie. C’est un peu comme une promesse, dans le sens qu’on [...] lui a inculqué ce don-là à la naissance, un peu comme quelque chose qu’on lègue à un enfant dans l’espoir que ça lui permette de réussir sa vie, soutient l’autrice.
La différence de Danaé la rend suspecte aux yeux des autres, qu’elle foule le sable des plages ou les escaliers de la Cité. Or, elle choisira par moments d’en profiter, usant délibérément du pouvoir tour à tour envoûtant et destructeur de la sirène, nageant ainsi entre deux eaux.
C’est à la fois une force et à la fois un danger, si on veut. Est-ce que c’est bon ou mauvais, avoir ce don-là, avoir quelque chose qui nous distingue, c’est un peu ça aussi, fait valoir la romancière.
Ainsi, à l’instar des jeux de séduction et de pouvoir, Danaé peut utiliser son don pour sauver ou piller les gens. J’aime cette idée que les forces qu’on a sont un peu à double tranchant, renchérit Dominique Scali.