Dix ans après le Rana Plaza, nos vêtements sont-ils toujours tachés de sang?
Radio-Canada
Le matin du 24 avril, des milliers de femmes et d'hommes se sont rendus au travail, dans des usines de textile comme il y en a tant dans le pays. Quelques heures plus tard, les murs et plafonds de béton cédaient et le Rana Plaza, un édifice de huit étages, s'effondrait, emprisonnant les travailleurs sous des tonnes de béton.
Les sauveteurs ont tenté d'extirper les survivants des décombres, mais malgré leurs efforts, plus d'un millier d'entre eux y sont restés. La veille, ces mêmes travailleurs avaient informé les responsables de la présence de fissures dans les murs. Sous peine d'être congédiés, ils étaient entrés travailler, fatalement résignés.
Dans les jours qui ont suivi, la tristesse a cependant laissé place à la colère. Des manifestations ont éclaté dans tout le pays pour dénoncer les piètres conditions des travailleurs du textile, qui fabriquent des vêtements pour des consommateurs occidentaux.
Difficile pour les pays fortunés de fermer les yeux, car entre le béton et les tiges de métal, des étiquettes de vêtements de grandes marques européennes, américaines et canadiennes sortaient des débris, dont celles de Joe Fresh, la marque de vêtements du détaillant canadien Loblaw.
Une semaine après la tragédie, les dirigeants de Loblaw et Joe Fresh s'engageaient d'ailleurs à améliorer les conditions des travailleurs, tout en réitérant l'importance de poursuivre leurs activités au Bangladesh.
Dans la foulée de l'effondrement du Rana Plaza, l'Accord sur la prévention des incendies et la sécurité des bâtiments au Bangladesh a été conclu entre des syndicats internationaux et 190 marques de vêtements, dont Loblaw.
Par écrit, l'entreprises, qui n'a pas souhaité accordé d'entrevue, se dit fière d'avoir été l'une des premières à signer cet accord qui s'est traduit par plus de 2400 usines inspectées, dont la sécurité a été améliorée, et des formations sur la santé et la sécurité dispensées dans des usines employant plus de deux millions de travailleurs.
Selon la spécialiste en droit du travail et en responsabilité sociale des entreprises à l’Université de Montréal Renée-Claude Drouin, l'une des forces de cet accord est que ce sont les marques participantes qui ont financé ce système indépendant d'inspection et de formation des travailleurs.
L'accord prévoyait aussi un mécanisme de plaintes accessible pour les employés. Il y a eu plus de 700 plaintes et elles ont été traitées de façon transparente et, une fois de plus, indépendante, ajoute-t-elle.