
Divulguer ou non le logiciel espion de la GRC... « qui n’est pas Pegasus »?
Radio-Canada
Le gouvernement fédéral devrait divulguer l'identité du fournisseur du logiciel espion utilisé par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), fait valoir le directeur du groupe de recherche Citizen Lab, mais un autre expert estime que cette information doit rester secrète.
Il n'y a absolument aucune raison pour laquelle cela ne devrait pas être divulgué, et de nombreuses bonnes raisons pour lesquelles cela le devrait, a dit mardi Ronald J. Deibert en comparaissant devant le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique de la Chambre des communes.
La veille, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, n'a pas voulu dire à quelle technologie la GRC a recours et s'est contenté de préciser qu'il ne s'agit pas de Pegasus. Il a justifié son refus de donner cette information en arguant que certaines techniques d'enquête restent confidentielles pour préserver l'intégrité opérationnelle.
M. Deibert a déploré cette réponse du ministre. Notre approvisionnement doit être transparent et inclure des règles pour les fournisseurs, de sorte que nous n'achetons pas et n'aidons pas à enrichir des entreprises qui vendent à des gouvernements étrangers qui menacent les valeurs et la sécurité du Canada, a fait valoir le directeur du Citizen Lab, laboratoire spécialisé en questions du cyberespace établi à l'Université de Toronto.
« Les logiciels espions avancés sont à la surveillance ce que la technologie nucléaire est aux armes. Ils représentent un véritable bond en avant dans la sophistication et la puissance. »
M. Deibert a surtout insisté sur le caractère invasif des logiciels espions auprès du comité devant lequel il s'exprimait.
Or, l'expert en espionnage Michel Juneau-Katsuya, qui a travaillé au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), a plutôt soutenu devant le même comité qu'une telle divulgation exposerait le gouvernement canadien à des menaces.
Quand nous sommes capables d'identifier la technologie qu'un gouvernement étranger ou qu'une [personne ciblée] utilise, nous sommes en mesure d'avoir recours à des contre-mesures ou d'exploiter la technologie, a-t-il affirmé.
MM. Juneau-Katsuya et Deibert se sont dits en faveur d'un resserrement des contrôles qui encadrent le recours à un logiciel espion. Cette approche a également été défendue par une représentante de l'Association canadienne des libertés civiles qui a comparu devant le comité.