Devrait-il y avoir une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine?
Radio-Canada
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky continue de plaider auprès de la communauté internationale pour imposer une fermeture totale du ciel en ce qui concerne les missiles, les avions et les hélicoptères russes. À ce jour, Washington et l’OTAN refusent cette demande. Pourquoi cette zone est-elle si controversée et serait-elle vraiment utile?
Une zone d'exclusion aérienne est une région de l'espace aérien interdite à certains ou à tous les aéronefs de manière coercitive; ceux qui pénètrent dans cette zone risquent d’être abattus. On veut empêcher un pays d’utiliser des avions de guerre pour attaquer des cibles et des civils au sol.
Il faut toutefois noter qu'il ne suffit pas de déclarer une zone d'exclusion aérienne; il faut qu’elle soit bien définie, établie et maintenue. Cette opération est complexe et délicate, explique Gaston Côté, brigadier-général à la retraite des Forces armées canadiennes.
D'abord, les États qui souhaitent imposer une zone d’exclusion aérienne doivent être prêts à la maintenir pendant toute la durée de la guerre, et ce, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, dit M. Côté. De plus, ça prend énormément de moyens pour que cette zone soit effectivement en vigueur.
Selon Steve Day, un ancien commandant de la Deuxième Force opérationnelle interarmées, en entrevue à CBC (Nouvelle fenêtre), il n’y a vraiment qu’une seule nation qui peut imposer une zone d’exclusion aérienne, et c’est les États-Unis. Ils ont la capacité, la technologie et les connaissances.
De plus, il faut rappeler que les défenses aériennes peuvent être situées en Russie, donc leur élimination pourrait nécessiter des frappes sur des cibles situées en territoire russe – un acte qui ferait assurément escalader le conflit.
Justement, voilà le problème le plus important entourant une zone d'exclusion américaine ou de l’OTAN au-dessus de l'Ukraine : elle mènerait à une confrontation militaire directe avec la Russie. Rappelons que le président Poutine a déclaré qu'il considérait l'imposition d'une zone d'exclusion comme un acte de guerre et qu'il a par ailleurs brandi la menace nucléaire.
Détruire un avion russe, c’est un geste hostile, dit M. Côté. Là, on pourrait tomber dans un précipice assez creux. Il faudrait que ça soit une organisation en dehors de l’OTAN [qui mettrait en place cette zone d’exclusion aérienne] pour éviter une confrontation. Encore faut-il trouver un pays qui accepterait de le faire et un pays d'où les avions pourraient décoller et atterrir, dit-il.
Si aucun pays n’a encore accepté la demande du président Zelensky concernant cette zone, plusieurs pays choisissent plutôt d’envoyer des armes à l’Ukraine, dans l’espoir que les Ukrainiens réussissent à repousser eux-mêmes les troupes russes. D’ailleurs, mardi, le gouvernement polonais a annoncé qu’il était prêt à mettre tous ses avions de chasse Mig-29 à la disposition des États-Unis dans le cadre d’un effort de l’OTAN pour fournir de nouveaux avions de combat aux forces ukrainiennes.