Deux fois plus d’espèces marines détectées près des côtes grâce à l’ADN environnemental
Radio-Canada
Des échantillons d’ADN environnemental provenant des eaux côtières de l’Atlantique et du Pacifique révèlent une « richesse d’espèces » inaperçue jusque-là, selon une nouvelle étude canadienne.
Les chercheurs qui ont fait cette étude estiment que l’ADN environnemental est un moyen plus facile, moins coûteux et moins intrusif pour mesurer la biodiversité et observer les déplacements d’espèces entraînés par le changement climatique.
Ils ont effectué l’étude dans dix herbiers de zostère marine en Nouvelle-Écosse et neuf en Colombie-Britannique, en 2019. Les scientifiques ont utilisé une senne de plage pour capturer des organismes marins. Ils ont aussi prélevé des échantillons d’eau de mer aux mêmes endroits et aux mêmes moments afin d’y trouver les traces de matériel génétique laissé par des poissons. Le but était de comparer les résultats obtenus par les deux méthodes pour mesurer la biodiversité.
L’acide désoxyribonucléiqueADN environnemental révèle une diversité d’espèces environ deux fois plus grande, affirme Ryan Stanley, biologiste du ministère des Pêches et des Océans du Canada (MPO) à l'Institut océanographique de Bedford, en Nouvelle-Écosse. Si chaque senne capture 10 espèces marines en moyenne, l’acide désoxyribonucléiqueADN environnemental en révèle une vingtaine, dit-il, par exemple.
Ryan Stanley est l’un des auteurs d’un article à ce sujet publié par leJournal canadien des sciences halieutiques et aquatiques (en anglais) (Nouvelle fenêtre) le 4 février 2022.
Sur les 129 espèces de poissons détectées à l’aide de l’acide désoxyribonucléiqueADN, 4 n’étaient pas associées à la documentation génétique de la région où elles ont été respectivement trouvées.
Un terrassier tacheté détecté en Nouvelle-Écosse, par exemple, est une espèce du Pacifique. Il s’agissait peut-être d’une autre espèce de terrassier de l’Atlantique qui ne figurait pas dans la base de données génétique de référence.
Les chercheurs ont travaillé soigneusement et trouvé à quelques occasions des traces d’ADN qui ne correspondaient pas aux références locales, indique Cathryn Abbott, généticienne du ministère des Pêches et des Océans du CanadaMPO à la Station biologique du Pacifique qui a aussi participé à la rédaction de l'article.
C’était la première fois que l’on employait cette méthode dans ce contexte, explique Mme Abbott. Elle estime que la recherche à l’aide de l’acide désoxyribonucléiqueADN environnemental a incroyablement bien fonctionné. Elle dit être émerveillée par la découverte de deux fois plus d’espèces. Tout était immédiatement sensé et plausible sur le plan écologique, dit-elle.