Des usines de batteries divisent des deux côtés de la frontière
Radio-Canada
Les États-Unis et le Canada sont engagés dans une lutte pour attirer chez eux les méga-usines qui alimenteront l’industrie du véhicule électrique. Mais une fois les ententes conclues, ces grands projets négociés en haut lieu transforment des communautés qui sont tiraillées entre la promesse de la croissance économique et la perspective de voir apparaître dans leur cour des installations industrielles, alors qu'elles ont l’impression de ne pas avoir été consultées.
Le 13 février dernier, le géant automobile Ford annonçait la construction d’une nouvelle usine de batteries à Marshall au Michigan.
Surnommé le Ford BlueOval Battery Park, le complexe industriel occupera l’équivalent de 750 terrains de football. Il doit permettre la création de 2500 emplois dans une ville qui compte moins de 7000 habitants.
C’est une très petite ville. Je ne dirais pas que tout le monde se connaît, mais presque, affirme Glenn Kowalske, un résident du canton qui borde Marshall.
Depuis l’annonce, le conseil municipal a connu plusieurs rencontres tumultueuses. Le 2 mai, à 3 h du matin après huit heures d’échanges soutenus dans une salle bondée, les élus locaux ont voté à l'unanimité en faveur d’un changement de zonage nécessaire à la construction de l’usine.
M. Kowalske y était. Il craint que l'arrivée de Ford entraîne une série de transformations industrielles qui, selon lui, dénatureraient cette paisible municipalité située à 160 kilomètres à l’ouest de Detroit.
Nous avons déménagé ici parce que c'est une petite ville où il n'y a pas de trafic, explique-t-il.
Les résidents craignent également que les activités du géant automobile soient dommageables pour l’environnement de la région. La communauté demeure profondément marquée par un important déversement de pétrole survenu en 2010. Trois millions de litres d’hydrocarbures avaient alors été relâchés dans la rivière Kalamazoo qui longera l'emplacement de la future usine de Ford.
Une fois construite, l’usine de batteries occupera un peu moins de la moitié d’un terrain de 1900 acres que l’État du Michigan a acquis et aménagé par l’intermédiaire d’un organisme à but non lucratif local. Jim Durian est le président de l’OBNL en question, la Marshall Area Economic Development Alliance.