Des travailleuses du sexe demandent la décriminalisation
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Une centaine de personnes se sont rassemblées jeudi après-midi dans le Red Light, au centre-ville de Montréal, pour demander la décriminalisation complète du travail du sexe au Canada. La manifestation était organisée par le Comité autonome du travail du sexe (CATS) dans le cadre de la Journée internationale pour les droits des travailleuses du sexe, qui s’est tenue jeudi.
Les travailleuses du sexe exigent l’abrogation de la Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d’exploitation qui, selon elles, ont des impacts délétères sur leurs conditions de vie.
En effet, cette loi criminalise la communication dans les lieux publics en échange de services sexuels, les clients et les tierces parties impliquées, explique Adore, une militante du CATS. «En criminalisant les clients, ça nous enlève des méthodes pour savoir si le client est sécuritaire pour nous. Dans le monde du travail du sexe, c’est ce qu’on appelle le screening. C’est une façon pour nous de filtrer les clients», poursuit-elle.
Par peur d’être judiciarisé, un client peut utiliser une fausse identité, ce qui empêche les travailleuses du sexe de savoir réellement à qui elle a affaire, relate Adore. «Ça nous expose à des risques. Et si t’es dans la précarité économique, tu ne peux pas nécessairement te permettre de perdre un client même si tu ne peux pas screener», précise-t-elle.
Selon une étude de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) et de l’Université d’Ottawa, la criminalisation des clients ne protège pas les travailleuses du sexe qui, souvent, ont trop peur d’appeler la police.
La militante mentionne que la clause criminalisant les tierces parties pénalise aussi les travailleuses du sexe. «Oui, on a toute l’image du pimp, mais ça inclut nos simples patrons, les chauffeurs, les secrétaires et parfois même des travailleuses du sexe qui vont, par exemple, partager un espace de travail ou s’organiser en collectif», explique-t-elle.
Par ailleurs, la décriminalisation du travail du sexe pourrait permettre l’implantation d’un cadre légal des droits du travail, font valoir les manifestantes.