
Des tests PCR pour protéger une moule menacée
Radio-Canada
Un écouvillon et un chatouillement dans le fond du nez. C’est l’image qui nous vient en tête quand on parle de tests PCR. Mais ces tests ne servent pas seulement à détecter le virus responsable de la COVID-19. Chez Pêches et Océans Canada, on les utilise notamment pour protéger des espèces menacées.
Chaque semaine, cet été, des scientifiques vont se rendre à la rivière Little, au Nouveau-Brunswick, pour prélever des échantillons d’eau. Le but de l’exercice, c’est de vérifier si la rivière abrite une espèce de moule d’eau douce en péril, l’alasmidonte renflée. Au lieu de détecter visuellement la moule, on est capables de détecter l'ADN que la moule relâche dans l'environnement aquatique de la rivière, explique le biologiste Francis LeBlanc.
Les filtres utilisés lors du prélèvement des échantillons d’eau sont rangés avec beaucoup de précautions par l’équipe de scientifiques, car ceux-ci seront envoyés au laboratoire de Pêches et Océans Canada, à Moncton.
Des techniciens du laboratoire doivent ensuite procéder à l’extraction de l’ADN qui se trouve sur les filtres rapportés de la rivière. Lorsque l'eau filtre, il y a aussi d'autres choses qui restent captées sur le filtre, explique la technicienne Chantal Gaudreau. Donc, nous, on vient faire l'extraction de l'ADN pour s’assurer qu'on atteint de l'ADN purifié.
C'est une fois l’ADN purifié obtenu que les tests PCR entrent en scène. Les instruments qui servent à mener ces tests vont amplifier l’ADN de l’espèce recherchée, dans le cas qui nous occupe, l’alasmidonte renflée, pour indiquer si l’eau recueillie à la rivière Little en présentait des traces.
Cette étape dure près de deux heures. Et le résultat confirme que l’équipe de Pêches et Océans Canada avait raison de s’intéresser à la rivière Little.
« On est capables de voir, par la présence d'une courbe d'amplification, qu'on a bel et bien détecté l'ADN de l'alasmidonte renflée au site, ce qui nous indique que la moule est fort probablement présente dans la rivière. »
Et maintenant, quoi? L’objectif ultime de l’opération est d’aider à la préservation de l’espèce en péril. En connaissant mieux la distribution de l'espèce et, potentiellement, l'habitat critique, on est capables de prendre des mesures pour la protéger, souligne Francis LeBlanc.
Les tests PCR sont aussi utilisés par les équipes de Pêches et Océans Canada pour détecter des pathogènes chez certains poissons et crustacés. Ils peuvent aussi servir à évaluer la présence d'une espèce envahissante, comme le crabe vert.