Des signes qui pointent vers la formation d’une bulle immobilière
Radio-Canada
Multiplication des surenchères, coût moyen d’une hypothèque qui atteint un sommet inégalé depuis la fin des années 1980 et accès à la propriété difficile pour les jeunes ménages sont autant de signes de la formation d’une bulle immobilière dans le Grand Montréal, estime Charles Brant, directeur du service de l’analyse de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).
Bien que les ventes résidentielles totales dans la grande région de Montréal aient reculé de 3 % en 2021 par rapport à 2020 pour s’établir à 53 838 transactions, le prix médian des maisons unifamiliales a bondi de 23 % pour atteindre 493 460 $. Comparativement aux données de 2020, ce prix a presque bondi de 100 000 $.
Les données sont encore plus contrastantes avec celles de 2019 : à ce moment, le prix médian des unifamiliales était de 340 000 $.
La même tendance s’observe du côté des copropriétés. Le prix médian, qui était de 267 900 $ en 2019, est passé à 305 000 $ en 2020 et à 360 000 $ en 2021, des croissances annuelles de 5 %, 14 % et 18 %.
Les surenchères ont entraîné une forte accélération des prix, constate M. Brant. Ce sont des accélérations davantage fondées sur des aspects émotifs, a-t-il indiqué au cours d’une entrevue accordée mardi soir à l’émission Zone économie.
La crise économique qui est survenue dans le sillage de la crise sanitaire a été assez atypique dans le sens que plusieurs ménages se sont enrichis pendant la pandémie. Les ménages ont pu quand même amasser une certaine épargne et ont connu des hausses de revenus assez significatives par rapport à l’inflation au cours des 24 derniers mois, note Charles Brant.
Mais un des principaux signes de la formation d’une bulle immobilière réside dans le taux d’effort des ménages, qui est particulièrement important, indique le directeur du service de l’analyse de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du QuébecAPCIQ.
Le coût moyen d’une hypothèque par rapport au revenu des ménages atteint des niveaux jamais vus depuis la fin des années 1980, dernière bulle immobilière qu’a connue le Québec, expose l’expert.
La surenchère, qui mène à la surévaluation de l’immobilier dans certains secteurs, fait en sorte que plusieurs jeunes ménages sont incapables d’accéder à la propriété, ajoute Charles Brant. Il y a une part de plus en plus importante de la population qui ne peut pas acheter de résidence unifamiliale. La copropriété reste plus abordable, mais là encore, la capacité pour l’achat de ce type de propriété diminue, notamment pour les premiers acheteurs.