
Des Québécois d’origine ukrainienne retiennent leur souffle
Radio-Canada
Pendant que l’Ukraine instaure l’État d’urgence par crainte d’une invasion russe, de nombreux Québécois d'origine ukrainienne suivent les derniers développements, impuissants, à des milliers de kilomètres de leur mère patrie. Ils retiennent maintenant leur souffle et prient pour un dénouement pacifique.
Anna Spirina vit à Lévis avec sa famille depuis maintenant 12 ans. Musicienne et professeure de piano, elle est née dans l’ouest de l’Ukraine, d’une mère ukrainienne et d’un père russe. Elle a donc des proches des deux côtés de la frontière. Mais depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, son cœur est complètement ukrainien. Jusqu'à l'âge de 42 ans, je parlais russe. À partir de ce moment-là, je parlais ukrainien, raconte-t-elle.
De loin, elle suit quotidiennement les nouvelles venant de son pays de naissance.
« Je me réveille avec les nouvelles, je me couche avec les nouvelles, les larmes aux yeux tout le temps. On est loin. On se sent impuissant. Mais aussi, on se sent impuissant parce qu'on ne sait pas ce qu'il y a dans la tête de Poutine. »
La musicienne se prend même à rêver de pouvoir amasser assez d'argent pour permettre à ses proches de venir la rejoindre au Québec.
Son fils Dariy Khrystyuk avait 10 ans quand il est arrivé au Canada. Comme sa mère, il s’inquiète pour sa famille restée là-bas.
En voyant l’armée russe aux portes de l’Ukraine, il comprend que la possibilité d’une invasion est réelle. Il espère que ses inquiétudes ne deviendront pas réalité. Ce n’est pas la première fois que des pays tombent en guerre et qu’on sème un peu la panique autour; finalement, ça se calme un peu, raisonne-t-il.
L’anxiété ne semble pas être aussi forte chez leurs proches du continent européen. Ce matin, je parlais à mon cousin, juste pour savoir comment il vit ça, s’il a un plan B, s’il a un plan d'évacuation. Ils ont l'air moins stressés que nous ici, commente Dariy.
Quand j'appelle ma sœur et que je lui dis : "Es-tu inquiète?" Elle me dit : "Non, je suis prête, c'est tout", témoigne Anna, qui croit que cette impassibilité est due au climat qui perdure depuis des années au pays. C'est pas juste 48 heures, ça fait déjà huit ans qu’on vit ça!