Des pêcheurs de saumons inquiets de l’abondance du bar rayé dans la Matapédia
Radio-Canada
L’abondance de bars rayés atteint des sommets dans la rivière Matapédia cette année selon des pêcheurs de saumon. Ces derniers s'inquiètent des impacts potentiels de cette espèce sur l'activité de la pêche.
C’est une année exceptionnelle : on n’a jamais vu autant de bars rayés, observe Pierre D’Amours, guide de pêche et biologiste de formation, sur les ondes de l’émission D’Est en Est, mardi. En aval comme en amont, on capture beaucoup de bars rayés de toutes les dimensions, jusqu’à 10 livres [4,5 kilogrammes]!
Disparu du Saint-Laurent dans les années 1960, le bar rayé a été réintroduit à partir de 2002 grâce à des individus prélevés dans la rivière Miramichi, au Nouveau-Brunswick. Si la population de bar rayé du Saint-Laurent a disparu, le statut de la population réintroduite doit encore être évalué par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.
Depuis quelques années, des pêcheurs de saumon de la Gaspésie tirent la sonnette d’alarme. Le bar rayé est davantage observé dans l’eau douce des rivières, comme dans la rivière Matapédia ou dans la Cascapédia. Le saumon ne fait pourtant pas partie des proies habituelles du bar rayé, mais les pêcheurs comme Pierre D'Amours sont préoccupés par la voracité de l'espèce.
Ce qu’on rencontre dans les estomacs du bar rayé, ce sont des insectes, des alevins et des tacons de saumon, des truites, soulève Pierre D’Amours avec inquiétude. On a vu apparaître les bars [rayés] il y a 10 ans. Je pense que beaucoup de gens qui vivent du saumon sont inquiets, que ce soit dans la Matapédia ou dans le bassin de la Restigouche. L’objectif, ce n’est pas d’entrer en guerre contre le bar rayé, mais de faire des études pour s’assurer de la pérennité [de la pêche].
La directrice de la Corporation de gestion des rivières Matapédia et Patapédia, Michelle Lévesque, confirme que le bar rayé est observé dans la rivière depuis une dizaine d’années. On partage ces données avec le ministère, dit Mme Lévesque. C’est la science qui va pouvoir nous orienter, au fil des données.
La bonne santé de ces rivières à saumon dépend également d’une panoplie de facteurs, comme les changements climatiques, les espèces envahissantes ou la pollution, rappelle la directrice de l’organisme.