
Des miettes pour les ex-patients des cliniques Zéro Gravité
Radio-Canada
La Cour supérieure vient d’approuver l'entente à l’amiable intervenue dans le cadre de l’action collective intentée par d’ex-patients des cliniques de chiropratique Zéro Gravité. Mais c’est un montant très loin de ce qu’ils réclamaient qui sera remis aux clients de ces cliniques.
Stéphanie Baulne ne peut plus monter sur les deux chevaux qu’elle possède à sa fermette de Saint-Narcisse-de-Beaurivage, dans la région de Chaudière-Appalaches. En raison de ses hernies discales, elle est invalide depuis environ cinq ans.
Mme Baulne espérait éviter une opération chirurgicale lorsque, en 2012, elle a entrepris des traitements à l’une des quatre cliniques de chiropratique Zéro Gravité de la province. Ces traitements, appelés décompressions neuro-vertébrales, étaient donnés sur des lits de traction mécanisée, assistés par ordinateur. Le coût de ses 20 séances s'élevait à 4300 $, somme qu’elle a dû emprunter.
Malgré ces traitements, Stéphanie Baulne n’a pas échappé à la table d’opération et a subi peu de temps après et dans l’année suivante quatre interventions chirurgicales.
Après la diffusion en 2013 de trois reportages sur ces cliniques dans l’émission La facture, une action collective est autorisée en 2016 contre l’entreprise et la douzaine de chiropraticiens qui y travaillent, y compris les deux fondateurs. C’est le cabinet d'avocats Ménard-Martin, spécialisé en droit médical, qui a obtenu l’autorisation d’intenter la poursuite. Stéphanie Baulne est choisie pour représenter le groupe d’ex-patients. J'étais surprise qu'on me demande d'être la représentante du groupe. Pourquoi moi? Parce que j'étais la plus amochée, faut croire.
Les chiropraticiens visés par la poursuite ont présenté plusieurs requêtes en rejet de preuves. Dans son jugement prononcé le 16 décembre 2022, mais qui n'a été rendu public que le vendredi 20 janvier, la juge Suzanne Courchesne souligne d’ailleurs le fait que les défendeurs [ont nié] catégoriquement tout acte répréhensible, faute ou responsabilité envers les ex-patients. La nature et l’étendue des dommages [ont été] également contestés.
Même les séquelles des traitements sur Stéphanie Baulne ont été remises en question notamment lors de son interrogatoire hors cour, un exercice qu’elle a jugé éprouvant, mené par les avocats de la défense. La pression de la partie adverse te rentre dedans. C'est vraiment angoissant, déplore-t-elle.
Fortement médicamentée pour soulager ses douleurs, épuisée par les deux jours d’interrogatoire, elle a demandé à la cour d'être relevée de son statut de représentante du groupe. Je ne me trouvais plus à la hauteur pour répondre aux questions. Sous la pression, je perdais tous mes moyens. Malheureusement pour elle, la juge a rejeté sa requête.
Les démarches visant à intenter une action collective ont commencé en 2013, mais, depuis, l'entreprise a fait faillite, de même que près de la moitié des chiropraticiens. Le cabinet Ménard-Martin appréhendait que les autres fassent de même, advenant une victoire en cour. Donc, on peut se retrouver avec un très beau jugement, qu'on peut encadrer et mettre sur un mur, mais qui va être très difficile à exécuter, explique Me Patrick Martin-Ménard, l'avocat responsable de cette action collective.