Des médecins spécialistes dénoncent la déshumanisation des soins
Radio-Canada
Listes d'attente, équipement manquant, annulations de rendez-vous... Des médecins spécialistes dénoncent le manque de financement et la désorganisation chronique du système de santé dans une lettre ouverte publiée jeudi matin.
Ils invitent le nouveau gouvernement de François Legault à s'attaquer à cette situation qu'ils jugent critique, car ce sont les patients qui sont les premiers à en faire les frais, disent-ils.
Il est faux de croire qu’on s’habitue à cette déshumanisation. On ne s’en accommode pas. Les professionnels de la santé n’ont pas été formés pour observer un patient porter le fardeau de naviguer et de se perdre dans un système censé prendre soin de lui, lit-on dans cette lettre signée par une trentaine de présidents d'associations médicales.
Ces derniers citent en exemple les tests préopératoires non disponibles, ou encore les annulations par manque de planification. Depuis le début de la pandémie, les listes d'attente en chirurgie ne cessent en outre d'augmenter, en partie en raison de la pénurie du personnel. La liste d’attente pour obtenir un rendez-vous avec un médecin spécialiste s'allonge aussi.
« Comment se fait-il qu’en plus du choc lié à l’annonce d’un diagnostic de cancer, un patient soit contraint de faire lui-même les requêtes aux archives d’un hôpital pour faciliter l’accès à son dossier médical intégral? »
Coauteur de la lettre, le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, le Dr Vincent Oliva, estime que les patients ont de la difficulté à trouver la porte d'entrée du système de santé. On voit trop souvent des patients qui se battent pour trouver cette porte [...] ils ont de la misère à se dépêtrer dans ce système et à obtenir une quantité de soins suffisante, a-t-il souligné jeudi au micro de l'émission Midi Info.
Cette désorganisation provoque de graves retards de traitement, comme en oncologie, ajoute-t-il. Ça nous dit que le système qui était fragile avant la pandémie s'est fragilisé davantage, explique-t-il.
Au-delà de la pénurie de la main-d'œuvre, le système de santé devrait mieux fonctionner avec les ressources disponibles, ajoute-t-il.
Le Dr Oliva réclame une décentralisation de la gestion des soins face à une trop grande lourdeur administrative.