Des habitants en fuite racontent l'«enfer» de Marioupol
TVA Nouvelles
Fuyant «l’enfer» de la ville assiégée de Marioupol, des familles ukrainiennes racontent les cadavres gisant plusieurs jours dans les rues, la faim, la soif et le froid mordant des nuits passées dans des caves avec des températures inférieures à zéro.
• À lire aussi: Combats dans le centre-ville de Marioupol
• À lire aussi: EN DIRECT | 23e jour de l’invasion russe en Ukraine
Sous la pression des bombardements incessants des forces russes sur ce port stratégique du sud-est de l’Ukraine, ces habitants, rencontrés par l’AFP à Zaporojie, à quelque 250 km au nord-est, racontent être parvenus à fuir après avoir dû faire fondre de la neige pour pouvoir boire de l’eau et cuire des déchets alimentaires sur des feux de bois pour se nourrir, faute d’approvisionnement en eau potable et en vivres.
«Ce n’est plus Marioupol, c’est l’enfer», dit Tamara Kavunenko, 58 ans. Les Russes «ont tiré tant de roquettes», ajoute-t-elle, «les rues sont jonchées de nombreux cadavres de civils». «Quand il neigeait, nous avons récupéré la neige et l’avons fait fondre pour avoir de l’eau. Quand il ne neigeait pas, nous avons fait bouillir l’eau du fleuve pour la boire.»
Mme Kavunenko fait partie des plus de 4300 déplacés de Marioupol arrivés à Zaporojie depuis le début de la semaine. Selon Kyïv, plus de 2000 personnes sont mortes à ce jour à Marioupol. La ville revêt une importance stratégique dans la mesure où sa prise permettrait à la Russie de faire la jonction entre ses troupes en Crimée et celles au Donbass tout en barrant l’accès de la mer d’Azov aux Ukrainiens.
Jeudi, l’Ukraine a accusé Moscou d’avoir bombardé un théâtre de la ville, où s’étaient réfugiés des centaines d’habitants, sans tenir compte de l’avertissement «Diéti» (« Enfants » en russe) inscrit au sol en lettres géantes devant et derrière le bâtiment.
Dans un message publié sur Telegram, le maire de Marioupol, Vadim Boïtchenko, a indiqué qu’environ 6500 voitures avaient pu quitter la ville dans la nuit de mercredi à jeudi.
À Zaporojie, dans un bâtiment de cirque de l’époque soviétique, des bénévoles de la Croix-Rouge attendent les personnes évacuées à côté de piles de chaussures d’enfants et de couvertures.