Des forêts branchées pour se préparer aux changements climatiques
Radio-Canada
La biologiste Annie Deslauriers nous montre comment mesurer la tension d'un arbre grâce à un petit bout de branche inséré dans une chambre à pression. Comme les humains, les plantes ont des vaisseaux, mais eux transportent de la sève. C'est l'un des nombreux outils à la disposition de la biologiste pour évaluer la santé et la croissance des végétaux.
Nous sommes au cœur de la forêt du parc des Monts-Valin. C'est ici que son équipe de l'Université du Québec à Chicoutimi mène des recherches sur la physiologie de l'arbre en zone boréale.
Quelques mètres plus loin, elle dévoile des broches plantées dans l'écorce d’un arbre. Ces appareils sont reliés par des fils à un boîtier qui permet de collecter les mesures dans une base de données.
Selon les projections, la température annuelle moyenne sera plus élevée de 3 °C à 6 °C d'ici la fin du siècle, dans le sud du Québec.
Le réchauffement climatique devrait, entre autres, entraîner une multiplication des périodes de sécheresse, c’est pourquoi les chercheurs se concentrent sur les réactions des arbres aux variations de température.
Les expérimentations menées par Annie Deslauriers permettent de mesurer la perte des réserves en eau des arbres. Il y a une certaine limite, un point de non-retour, dit-elle. Si la sécheresse se poursuit, il peut y avoir des chutes de tension, l'eau n'arrivera plus aux feuilles et ça va être la mortalité.
Parmi les conifères de la forêt boréale, elle a déjà constaté que le sapin est l'espèce la plus sensible à la sécheresse. L'épinette blanche se révèle plus coriace, mais la palme d’or de l’adaptation revient à l’épinette noire qui, en général, résiste bien au manque d’eau.
« Nous faisons des modèles qui sont basés sur la physiologie et qui nous permettent de faire des prédictions pour aider les aménagistes à prendre les bonnes décisions pour la gestion de nos forêts. »
Annie Deslauriers montre des conifères qui perdent leurs aiguilles. Pas de mystère quant à l’identité du responsable de cette dévastation : c’est la tordeuse de l’épinette, un insecte ravageur qui s’est invité au Québec en 2006. Selon différentes prédictions, précise-t-elle, les épidémies d’insectes vont être plus longues et plus fréquentes à l’avenir.