
Des entreprises pétrolières défendent leur place dans l’avenir énergétique à Houston
Radio-Canada
Réunies en conférence à Houston, au Texas, les compagnies pétrolières ont fait état du jeu d'équilibristes auquel elles font face depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Entre pression environnementale, pression pour maintenir l’énergie à un coût acceptable et incertitude sur l’avenir, plusieurs d'entre elles ont plaidé pour le rôle essentiel des hydrocarbures et pour que la transition ne soit pas accélérée à leurs dépens.
Le président-directeur général (PDG) de l’entreprise américaine Chevron, Mike Wirth, a lancé le ton dès le discours d’ouverture de la conférence CERAWeek par S&P Global. Une transition ordonnée, cela veut dire que les marchés sont approvisionnés, l’économie est concurrentielle, l’énergie reste abordable pour les consommateurs. [...] Une transition désorganisée pourrait être douloureuse et chaotique, a-t-il prévenu.
Plus de 7500 personnes sont présentes à cette conférence qui réunit les PDG des plus grandes entreprises pétrolières et gazières dans le monde.
Nous devons être prudents de ne pas mettre fin prématurément à notre système actuel pour se tourner vers un système qui n’existe pas encore à grande échelle.
Le PDG de l’entreprise malaisienne Petronas, Tengku Muhammad Taufik, a livré le même constat quelques minutes plus tard. Le passage à une économie moins émettrice de carbone demandera plus d’extraction de minéraux rares et nous ne sommes pas prêts.
Nous ne pouvons pas nous débarrasser du pétrole et du gaz au moins pour les deux à trois prochaines décennies et même à ce moment-là [le secteur] représentera encore 30 à 40 % du mélange énergétique, a-t-il ainsi prédit.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie pèse dans leurs analyses. Un an après le début de la guerre, le PDG de Chevron estime que l’Europe ne sera plus jamais dépendante de l’approvisionnement russe en gaz naturel, ce qui a notamment propulsé la production de gaz naturel liquéfié aux États-Unis. Quant au marché pétrolier, il estime que l’équilibre entre demande et offre est fragile.
La question de l’approvisionnement sécuritaire demeure centrale, selon le PDG de la pétrolière canadienne Cenovus, Alex Pourbaix. Il y a aussi beaucoup plus de pragmatisme et de réalisme face aux défis de la décarbonisation. Celle-ci va prendre beaucoup plus de temps que ce que les gens anticipaient et les obstacles sont beaucoup plus importants qu’attendu.
Même si les entreprises d’hydrocarbures sont en terrain amical à cette conférence, elles n’ont toutefois pas échappé aux questions sur leurs engagements climatiques.