Des dons récoltés en bitcoins pour les camionneurs filent entre les doigts des autorités
Radio-Canada
Plus d’un mois après l’application de la Loi sur les mesures d’urgence par le gouvernement fédéral pour geler les avoirs des dons récoltés pour les camionneurs, la majorité des actifs semble avoir échappé aux autorités, rapporte une enquête de CBC.
C’est plus d’un million de dollars qui auraient dû être saisis par les autorités, étant donné que le compte principal comportait 20,7 bitcoins, soit environ 1 062 674 $ en dollars canadiens, mais en date du 18 mars, la police avait uniquement réussi à geler un peu plus de 5,9 bitcoins, soit environ 306 176 $.
Rappelons qu’une campagne de sociofinancement en ligne avait été lancée au début des manifestations à la fin du mois de janvier pour venir en aide aux camionneurs. Or, l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence le 14 février a permis aux autorités canadiennes de saisir des montants qui étaient associés au financement d’activités illégales, dont l’occupation du centre-ville d’Ottawa.
Mais des documents légaux, ainsi que des transactions de bitcoins ont permis à CBC de conclure que plus de 70 % des montants qui auraient dû être saisis par les autorités, soit le Service de police d’Ottawa (SPO), la Police provinciale de l’Ontario (PPO) et la Gendarmerie royale du Canada (GRC), leur ont filé entre les doigts.
Selon Mathew Burgoyne, un avocat spécialisé en cryptomonnaie qui est basé à Calgary, geler des avoirs numériques a ses limitations. La cryptomonnaie peut simplement être transférée vers une autre adresse de portefeuille qui n'est pas gelée, puis une autre adresse qui n'est pas gelée, et elle peut continuer à être transférée dans le but de masquer la source d'origine autant que possible du portefeuille qui a été gelé.
La Gendarmerie royale du CanadaGRC a refusé de confirmer ou de nier toute opération en cours liée à cette histoire, mais selon des sources de CBC, les autorités ont mis 34 portefeuilles cryptographiques sur une liste noire.
D’ailleurs, un recours collectif qui représente des résidents d’Ottawa avait réussi à obtenir une injonction le 17 février dernier, afin de récupérer les actifs destinés à financer le convoi des camionneurs. Les sommes devaient être transférées sur un compte et être versées au recours collectif pour payer les dommages subis par les plaignants.
Sur les quelque 100 portefeuilles cryptographiques répertoriés par le recours collectif, plus d’une vingtaine étaient sur la liste noire de la Gendarmerie royale du CanadaGRC, ce qui veut dire que les fonds n’ont pas pu être récupérés.
La chaîne de blocs, ou blockchain en anglais, est une construction informatique qui permet d'échanger et de stocker des données de manière sécurisée, fiable et infalsifiable. C'est la technologie à la base des cryptomonnaies comme le bitcoin.