Des dizaines de milliers de contraventions distribuées pour gérer la pandémie
Radio-Canada
Aujourd'hui marque la fin de la majorité des mesures sanitaires au Québec pour freiner la propagation de la COVID-19. Mais le rapport de l'Observatoire des profilages qui vient d'être dévoilé fait le constat d'une forte répression policière dans les derniers mois pour gérer la pandémie.
Dans le document intitulé Une approche punitive alarmante face à la pandémie de COVID-19 : analyse des données policières (Nouvelle fenêtre), quatre chercheuses appuient leurs conclusions sur une demande d'accès à l'information auprès du ministère de la Sécurité publique.
Entre le 21 septembre 2020 et le 3 octobre 2021, ils comptabilisent pas moins de 46 563 amendes remises au Québec pour des violations des règles sanitaires en vigueur.
Il s'agit donc d'une moyenne de 123 constats d'infraction par jour au cours de cette période de 54 semaines.
Près de la moitié du nombre d'amendes compilées (22 544) ont été distribuées pour le non-respect du premier couvre-feu, en vigueur du 9 janvier au 28 mai 2021.
Le couvre-feu constitue une mesure liberticide dont l’efficacité scientifique n’a pas été prouvée pour réduire la transmission de la COVID-19 alors qu’au contraire, on sait pertinemment qu’il a eu des effets néfastes disproportionnés sur plusieurs populations marginalisées, croit Catherine Descoteaux, coordonnatrice de la Ligue des droits et libertés, qui collabore avec l'Observatoire des profilages avec trois autres organismes québécois militant pour les droits civiques.
Les groupes communautaires qui travaillent auprès de personnes marginalisées nous rapportent que l’approche punitive a alimenté des pratiques policières discriminatoires et abusives, comme le profilage racial et social, l’interpellation et la judiciarisation, sans pour autant freiner la propagation du virus, interprète-t-elle.
« En considérant le montant faramineux des amendes qui sont associées aux constats d’infraction, il devient évident que cette répression a eu des effets préjudiciables pour les personnes à statut précaire ou marginalisées. »
À l'échelle canadienne, un rapport de l'Association canadienne des libertés civiles initialement publié en juin 2020 après la première vague de COVID-19 a conclu que 66 % des quelque 10 000 premiers constats distribués au Canada l’ont été au Québec.