Des déchets dangereux du monde entier brûlés à la Fonderie Horne
Radio-Canada
Des documents confidentiels obtenus par Radio-Canada révèlent que la Fonderie Horne a reçu, depuis cinq ans, plus de 340 000 tonnes de déchets industriels dangereux, venus d’aussi loin que la Russie, Singapour et le Brésil. Le modèle d’affaires de l’entreprise ne repose pas seulement sur le concentré de cuivre et le recyclage de vieux appareils électroniques.
Parmi les fournisseurs de déchets de la fonderie, on trouve l’entreprise russe Nornickel, qui a très mauvaise réputation depuis un épisode de pollution qui a coloré rouge sang une rivière de l’Arctique, en 2020. Cette même année, la compagnie russe a acheminé 8193 tonnes de boues et résidus contenant des métaux à l’usine de Rouyn-Noranda.
Selon une liste des matières dangereuses résiduelles envoyée par la Fonderie Horne au ministère de l'Environnement du Québec, ces déchets sont codés E03-9.0-S, ce qui signifie qu’ils pourraient être contaminés par des BPC, un produit chimique synthétique persistant dans l’environnement.
En 2020, près de 3000 autres tonnes du même type de déchets sont aussi arrivées en provenance de Moscou. Selon nos informations, ces boues et résidus contenaient 14 % de plomb.
La multinationale suisse Glencore, propriétaire de la fonderie, affirme que toutes ses importations de Russie ont cessé depuis plusieurs mois. Mais bien d’autres pays alimentent l’usine de Rouyn-Noranda.
On voit que sur les cinq années de 2017 à 2020, la fonderie a reçu 155 000 tonnes de matières dangereuses des États-Unis, 81 000 du Canada et 100 000 du reste du monde.
Les déchets recyclés correspondent à près de 15 % des intrants dans la production de la Fonderie Horne.
L’entreprise explique que ses opérations extraient de la valeur de tous les intrants reçus.
Ces déchets sont en effet intégrés dans le réacteur de la fonderie avec les autres concentrés provenant de mines. Tout est chauffé à 1250 degrés pour en retirer du cuivre et des métaux précieux.