Des couturières inuit fabriquent des amautiit pour des familles ukrainiennes
Radio-Canada
En février, lorsque Meeka Alivaktuk, une aînée de Pangnirtung, a pris connaissance de l’invasion russe en Ukraine, elle a senti le besoin d’offrir son aide aux familles en exil à plus de 5000 km de chez elle : « je souhaitais leur donner des amautiit pour qu’ils puissent porter leurs bébés ».
Meeka Alivaktuk raconte avoir été ébranlée d’apprendre que des familles ukrainiennes devaient parcourir de grandes distances à pied, dans la peur, pour fuir leur pays.
Je les voyais porter leurs bébés dans leurs bras, dit-elle, en inuktitut. D’autres enfants voulaient aussi être portés par leurs parents, mais leurs mains étaient [...] déjà pleines.
La résidente de Pangnirtung, une collectivité de l’île de Baffin, s’est dit qu’elle pourrait prêter main forte à sa manière en leur confectionnant des amautiit, des manteaux traditionnels inuit qui permettent à des mères de transporter un bébé dans son dodo.
Je me disais que les parents ne voudraient pas que leurs enfants soient n’importe où pendant qu’ils fuyaient, soutient-elle. J’avais vraiment pitié pour eux.
Elle a ainsi commencé son projet au centre Sailivik, un espace qui offre de l’aide aux personnes en situation de dépendance, en sollicitant l’aide de près d’une douzaine de couturières, notamment par l’intermédiaire de la radio communautaire de Pangnirtung. Il y a de l’intérêt de plusieurs personnes qui veulent aider, dit-elle.
Le groupe s’est fixé pour objectif de confectionner une cinquantaine d’amautiit d’été, des versions moins chaudes, parfois sans manches, qui requièrent des matériaux plus légers.
Pour réaliser son projet, Meeka Alivaktuk a fait appel à Joan Lebel, une infirmière en santé mentale qui habite depuis environ cinq ans à Pangnirtung. Elle a notamment contribué en sollicitant un soutien financier auprès du ministère de la Santé.
L’une des prochaines étapes, dit-elle, sera de trouver d’autres sources de financement pour couvrir les coûts de nouveaux matériaux et l’envoi des amautiit vers l’Ukraine. L’envoi vers l’extérieur du pays ne sera pas peu coûteux, dit-elle, en reconnaissant que l’acheminement et la distribution des manteaux seront un défi.