Des centaines d’étudiants réclament la gratuité scolaire à Montréal
Radio-Canada
À les voir descendre dans la rue au son des tambours qui réverbérait dans le viaduc Berri, il était difficile de ne pas avoir une impression de déjà-vu.
C’est qu’ils n’ont pas choisi au hasard la date du 22 mars 2022 pour déambuler par centaines dans le centre-ville de Montréal. Ils espéraient ainsi que leurs appels à la gratuité scolaire portent aussi loin que ceux d’autres étudiants avant eux, qui ont manifesté par un jour tout aussi ensoleillé, il y a 10 ans.
Bien moins nombreux qu'au printemps 2012, les étudiants étaient néanmoins déterminés à se faire entendre. Dix ans plus tard, même histoire, brandissait à bout de bras un manifestant à l'ombre du monument de sir John A. Macdonald – absent de son socle après avoir été maintes fois déboulonné.
De la place du Canada, où ils s’étaient donné rendez-vous, les manifestants ont pris le chemin de la rue Metcalfe pour rejoindre Sainte-Catherine en début d’après-midi, scandant à pleins poumons : À qui la rue? À nous la rue!
Au cégep, beaucoup d'étudiants ont du mal à payer leurs droits de scolarité, parce qu'il y a aussi le logement et la nourriture qui s'ajoutent à la facture. Les frais de scolarité deviennent alors une barrière aux études, et ça ne devrait pas avoir lieu, a déploré Ludmila Hérault, membre de l'exécutif de l'Association étudiante générale de Bois-de-Boulogne, qui participait à la marche.
Depuis 2006, on voit une augmentation de 111 $ par année [pour un étudiant à temps plein de premier cycle à l'université], ce qui est énorme. C'est au-dessus de l’inflation et du revenu moyen au Québec, a expliqué l'étudiante de 17 ans, inscrite au programme de droit et de relations internationales.
En faisant son entrée au cégep, la jeune étudiante dit avoir pris toute la mesure des inégalités qui touchent ses camarades de classe. Dans son entourage, Ludmila Hérault compte des gens qui ont préféré étaler leurs études au cégep sur quatre ans afin d'économiser suffisamment pour aller à l'université. D'autres ont préféré suivre une technique au cégep pour éviter d'aller à l'université et d'être endettés, a-t-elle indiqué.
« Je vois ce stress dans la vie de tous les jours chez les étudiants. C’est ce qui m’a montré que cet enjeu est bien réel, bien présent. »
Mardi, une cinquantaine d'associations regroupant plus de 80 000 membres avaient adopté un mandat de grève pour permettre aux étudiants d'aller manifester. Certaines associations feront grève toute la semaine et le 1er avril, jour de mobilisation pour la justice climatique.