Des archéologues mettent au jour les restes d’un banquet historique à Sorel-Tracy
Radio-Canada
L'archéologue Yves Chrétien avait repéré le site historique en 2017, lors d'un inventaire fait avant des travaux d'aménagement paysager prévus autour de la Maison des gouverneurs datant de 1781. L'un des 40 points de sondage sur le terrain était prometteur.
« Je savais qu'il y avait là un paquet d'objets datant du 18e siècle. Pour moi, c'est le potentiel d'un trésor archéologique qui se trouvait là. Rendu à 1 mètre 35 (de profondeur), j'arrive dans une masse de matériel, ça n'avait aucun sens. Tout était mélangé : la poterie, le verre, les ossements d'animaux, des coquilles d'huîtres. »
Les archéologues savent qu'il n'est pas rare de trouver des fragments de poterie, des ossements et autres déchets dans les latrines, mais ces dernières trouvailles sont inusitées, étant donné la quantité d'objets jetés en même temps.
Dans les couches supérieures situées au-dessus des résidus du banquet, Yves Chrétien avait constaté l'étagement habituel des latrines. Dans l'usage domestique normal, on fait ce qu'on à faire, on jette quelques déchets, on met du sol pour couvrir les odeurs et, ensuite, ce que les archéologues retrouvent en creusant, c'est un genre de mille-feuilles, explique l'homme qui fait des fouilles depuis plus de 30 ans au Québec. Il ne doute pas que le contenu de cette fosse soit associé à un événement hors du commun.
Les ossements de volailles et autres, de même que les pépins de fruits et les coquilles d'huîtres laissent supposer un menu très élaboré pour des convives importants. Un banquet digne d'un prince.
Le rapport des fouilles a été remis au ministère de la Culture comme il se doit. Les pièces, qui ont été sommairement assemblées pour être montrées d’abord aux citoyens de Sorel, seront restaurées. Mais il faudra faire des recherches historiques approfondies pour confirmer que les artefacts sont bien associés à la visite de William Henry.
En examinant les indices, comme le type de clous retrouvés, Yves Chrétien a réduit à quatre années la fourchette de temps. Si on regarde dans la période de 1786 à 1790, y a-t-il un événement marquant qui s'est déroulé ici? Et la réponse est oui. C'est la visite du prince William Henry le 18 septembre 1787, conclut Yves Chrétien.
Il faut mettre de la viande autour de l'os, comme on dit. Et quand on aura toute l'information en main, il y aura de quoi faire une exposition qui pourra partager cette histoire, dit Yves Chrétien qui rêve même d’un film qui racontera la visite du prince anglais. La découverte archéologique plante le décor de cette escale inscrite dans l’histoire de Sorel.