Des agriculteurs estriens demandent des terres agricoles plus abordables
Radio-Canada
Des agriculteurs de l’Estrie s’inquiètent du fait que les terres agricoles sont de moins en moins accessibles pour la relève en raison de leur coût.
Le président de l’Union des producteurs agricoles-Estrie (UPA), Michel Brien, se dit inquiet devant l’augmentation de plus de 200 % des prix des terres agricoles dans la région en l’espace de 10 ans. Cette hausse s’explique selon lui par le fait que le marché est devenu spéculatif. C’est difficile de dire qui sont les réels propriétaires, mais on sait que ce sont des non-agriculteurs qui achètent près de 54 % des terres actuellement au Québec , observe-t-il. Il déplore que le marché des terres agricoles ressemble de plus en plus à celui du marché immobilier.
« Il n’y a aucun lien entre la rentabilité des fermes et le prix des terres. [...] Il n’y a aucune production agricole qui peut justifier de payer ces terres à ce prix. »
Le ministère de l’Agriculture, de l’Environnement et des Ressources naturelles a réalisé un profil régional de l’industrie bioalimentaire au Québec en 2019, qui soulignait notamment que 69 % du territoire estrien était agricole.
Ces terres sont pourtant inaccessibles pour de nombreuses personnes qui voudraient les exploiter. La présidente du Syndicat de la relève agricole de l’Estrie, Anouk Caron, en sait quelque chose. Elle a dû revoir ses ambitions. Notre objectif au début était d’acheter une terre de 100 acres cultivables. Ici, on a à peu près 22 acres, le quart de ce qu’on recherchait. On part plus petit, mais on espère partir plus solide. Ça, c’est l’objectif, espère-t-elle malgré tout.
Elle regrette de ne pas pouvoir acheter de terres pour réaliser son rêve d’exploiter un élevage de bisons, et doit se résoudre à louer un terrain, faute de moyens.
« J’ai une petite mise de fonds, mais pas comme quelqu’un qui a 55 ans, qui a fait sa vie, qui a une maison, et toutes ces choses déjà payées. Cette personne a bien plus de capacité financière pour acheter une terre, ce qui n’est pas mon cas, ce qui n’est pas le cas de toutes les relèves. »
Même si son projet sera le premier du genre en Estrie, l’entrepreneuse doit d’abord convaincre les investisseurs. On a tout à bâtir. C’est beaucoup de temps, beaucoup d’énergie, et beaucoup d’argent, indique Anouk Caron. On n’est pas capable d’acheter ailleurs, et après ça d’avoir une location, si ce n’est pas en passant par une personne qu’on connaît bien ou avec un contrat.
Michel Brien et Anouk Caron interpellent les politiciens en vue des prochaines élections provinciales, prévues en octobre.