Des accusations de « fraudes » au cœur du recrutement massif d’étudiants étrangers
Radio-Canada
« Pandore ». C’est le nom de code donné par l’Unité permanente anticorruption (UPAC), qui a enquêté depuis 2016 sur des allégations de « fraudes », mais aussi de « fabrication et d’usage de documents falsifiés » au sein de la Commission scolaire Lester B. Pearson.
Jusqu’à ce jour, aucun détail n’avait filtré et une ordonnance de non-publication, aujourd’hui levée, avait été émise. Seuls des « infractions criminelles » et des « actes illégaux » avaient été brièvement mentionnés par le procureur, au cours d’une première audience.
CBC/Radio-Canada a obtenu un résumé déposé en cour par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), faisant état d’allégations de fraude, de fabrication et utilisation de faux documents et d'abus de pouvoir, qui seront présentées dans quelques mois à un juge, plus de six ans après l’évocation par le gouvernement du Québec (Nouvelle fenêtre) de pratiques irrégulières dans ce domaine.
Ces éléments n’ont pas encore été prouvés devant les tribunaux. Un procès de trois semaines est prévu dès janvier 2023 à cet effet et plus d’une cinquantaine de témoins devraient être appelés à la barre.
Les personnes visées par ces accusations (Nouvelle fenêtre)? Une femme d’affaires montréalaise, sa fille et un chef d’entreprise, qui se sont spécialisés durant une dizaine d’années dans le recrutement d’étudiants internationaux, d’abord dans le domaine de l’enseignement public, avant de lancer leurs propres collèges privés.
Ces personnes, par respect pour la Cour et le processus judiciaire, n’ont voulu émettre aucun commentaire. Elles ont cependant enregistré un plaidoyer de non-culpabilité, ont indiqué leurs avocats à Radio-Canada, tout en précisant que [leurs] clients n'ont pas eu l'occasion encore de répondre dans la procédure judiciaire.
Tout aurait commencé en 2012. Caroline Mastantuono dirigeait le département international de Lester B. Pearson, un établissement scolaire anglophone de Montréal. Un partenariat est signé avec la firme de recrutement Edu Edge, dirigée par l’homme d’affaires Naveen Kolan.
L’objectif? Augmenter le nombre d’étudiants internationaux, particulièrement indiens, dans l’établissement.
Deux stratagèmes destinés à commettre des fraudes sont alors mis en place, argue le Directeur des poursuites criminelles et pénalesDPCP dans un résumé des faits déposé en cour en février. Celui-ci se penche sur des actions qui auraient été commises entre 2014 et 2016.