Depardieu «Complément d’enquête»: Reporter sans frontières craint «une atteinte au secret des sources»
TVA Nouvelles
Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé mercredi « un risque d’atteinte au secret des sources », en réaction à une décision de justice sommant une société de production, accusée par Gérard Depardieu d’avoir manipulé des images de « Complément d’Enquête », de remettre des enregistrements au comédien.
Dans ce « Complément d’enquête » diffusé en décembre sur France 2, on voit Gérard Depardieu, confronté à des accusations de viol et d’agressions sexuelles qu’il conteste, multiplier les propos misogynes et insultants envers des femmes et en prononcer d’autres à caractère sexuel lorsqu’une petite fille à cheval passe à l’image, lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018.
Or l’acteur, qui a assigné en justice France Télévisions et la société de production Hikari, souhaite prouver que ses propos ne visaient pas la petite fille.
La semaine dernière, le tribunal judiciaire de Paris a ainsi ordonné à Hikari de remettre les enregistrements « correspondant strictement à la séquence filmée (...) dans le haras », invoquant un « souci de transparence » et ne jugeant « pas avérée » une atteinte au secret des sources.
La société Hikari a fait appel de cette décision et France Télévisions s’est associée à cette démarche.
Dans un communiqué publié sur son site mercredi, Reporters sans frontières a demandé « à la cour d’appel d’annuler » cette décision « qui menace la confidentialité des sources des journalistes », estimant que « le procès intenté par Gérard Depardieu » n’est « pas une simple affaire de transparence entre deux parties d’une procédure ».
« La décision de contraindre les journalistes à fournir leurs rushes (images brutes, sans montage, ndlr) au-delà de l’extrait diffusé » pourrait « faire jurisprudence et aggraver le risque d’atteinte » au « principe fondamental » du secret des sources, poursuit Thibaut Bruttin, adjoint au directeur général de RSF, cité dans le communiqué.
« Nous demandons à la cour d’appel de prendre la mesure des implications d’une telle décision », insiste-t-il.
L’ONG rappelle plus largement que les menaces pesant sur le secret des sources, « pierre angulaire de la liberté de la presse », sont revenues sur le devant de la scène en France en septembre 2023.