Demande de Legault à Ottawa: peut-on vraiment répartir les demandeurs d’asile?
TVA Nouvelles
François Legault demande à Ottawa de mieux répartir les demandeurs d’asile à travers le territoire canadien, autant les nouveaux que ceux installés depuis peu au Québec. D’autres pays ont déjà mis en place un tel système, mais il faudra investir des ressources, prévient un expert.
Le gouvernement Legault souhaite réduire de moitié le nombre de demandeurs d’asile présents au Québec d’ici un an.
En effet, plusieurs d’entre eux se sont installés ici après être arrivés par le chemin Roxham, aujourd’hui fermé.
Désormais, l’aéroport de Toronto est devenu la principale porte d’entrée, mais un grand nombre afflue toujours à l’aéroport Montréal-Trudeau, si bien que le Québec pourrait compter jusqu’à 50% des demandeurs d’asile présentement au pays, selon le gouvernement Legault, même si ce chiffre fait l’objet de débats avec Ottawa.
François Legault demande donc au gouvernement fédéral d’aider une partie des demandeurs d’asile à s’établir ailleurs au pays, sur une base volontaire, afin que le Québec en conserve une proportion semblable à son poids démographique, soit environ 22%.
Jusqu’à présent, seuls Terre-Neuve et le Manitoba se sont dits prêts à faire leur part, tandis qu’Ottawa accepte de coordonner le tout.
«Oui, c’est possible», répond d’emblée François Crépeau, professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université McGill et spécialiste des droits des migrants.
Toutefois, Ottawa et les provinces devront mettre en place des mesures pour attirer et, surtout, retenir ces nouveaux arrivants. «Sinon, la première chose qu’ils vont faire, c’est de prendre un autobus pour rentrer à Montréal», dit celui qui fut notamment Rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’homme des migrants.
Il faudra donc s’assurer de leur offrir du logement et du travail, mais aussi d’investir des sommes pour leur intégration. François Crépeau compare cet investissement à celui fait pour les enfants nés au pays (CPE, école, université, etc.). «Les migrants, on n’a rien payé pour eux. [...] Il faut investir dans cette ressource humaine, comme on a investi dans les autres ressources humaines à notre disposition», note-t-il.