De souffle poétique et de nature humaine
Radio-Canada
Il y a des écrivains et écrivaines qui savent partir du plus intime pour toucher à l’universel, et vice-versa. D’autres ne craignent pas de se mettre à nu afin que leurs mots expriment une vérité transcendant leur unique identité. Voici quatre voix au souffle poétique qui nous invitent à l’introspection autant qu’à l’émerveillement et à l’ouverture, à soi et à l'autre.
Les Forêts d’Hélène Dorion sont pétries de temps et d’espaces, entre cimes et racines déployées pour apprendre/la langue de l’horizon et se conjugue[r] lentement/loin de facebookinstagramtwitter.
Sa poésie foisonne dans les éclaircies et les densités des pensées et de l’histoire qui frayent leur chemin à travers ses poèmes. Elle incite à la lenteur, à la contemplation active, intuitive. À humer la terre, gratter l’écorce, suivre les lucioles, prêter l’oreille au chant des oiseaux, s’enivrer du bleu du ciel. Voir, entendre, goûter, toucher, sentir.
D’hier à aujourd’hui, elle convoque la longue marche du savoir. Ainsi, Hélène Dorion arpente ses forêts intimes pour mieux tendre le regard vers ce qui couve sous les manchettes de l’actualité, alors que dans nos corps/il fait un temps d’arn en cette ère de COVID-19, entre autres. Il fait un temps à s’enfermer/dans nos maisons de forêt, soutient-elle.
Elle se promène aussi entre les branches, observant couler l’eau des ruisseaux et écoutant bruire la canopée pour renouer avec l’essence du silence, se laisser transporter par la crue des mots et témoigner tour à tour de la puissance et de la fragilité du cycle de la vie et des saisons.
Et on plonge avec elle au cœur de ces Forêts. On y entre alerte, mais sans en craindre les zones d’ombres ou de s’y perdre. Au contraire, on s’y retrouve, tous les sens éveillés, en pleine lumière, parce que les forêts creusent/parfois une clairière/au-dedans de soi. Et ça fait le plus grand bien.
Grâce à ses mots, Chloé LaDuchesse se dresse haut et fort parmi la génération montante des nouvelles voix poétiques. Elle n’est plus seulement l’idée d’une poète dans le ciel/de Sudbury d’il y a une dizaine d’années, signant ici un deuxième recueil qui figurait parmi les cinq titres finalistes du Prix littéraire du Gouverneur général 2021, dans la catégorie poésie.
Observant le monde qui l’entoure autant qu’elle s’observe, la Franco-Ontarienne d’adoption écrit tantôt l’adolescence, ses émois et ses tourments, tantôt son rapport au corps et à sa féminité, y compris sa vision de la condition féminine et ses positions féministes.
Elle s’inscrit dans le paysage extérieur pour mieux ancrer l’intimité de l’amitié à laquelle elle se réchauffe autour d’une pizza et d’une bière, et celle de l’amour qu’elle doit apprendre à faire avec les yeux/pas avec les mains, entre les draps blancs/bien remplis de nos fantômes.