De l’inflation à la récession?
Radio-Canada
La hausse du coût de la vie est la préoccupation première des Québécois, à l'aube de la campagne électorale qui s’amorce dimanche au Québec. Parallèlement, des signes de ralentissement économique sont visibles. Une formation politique qui ignorerait ces enjeux pourrait en payer chèrement le prix. Après l’inflation, le Québec plongera-t-il en récession?
La grande question qui plane ces jours-ci, c’est de savoir si l’inflation et la hausse des taux d’intérêt par les banques centrales vont entraîner une contraction de l'économie.
Jusqu’à 55 % des personnes interrogées dans un sondage du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) s’attendent au début d’une récession au Québec d’ici la fin de 2022. Selon le Baromètre du CQCD, près de 7 personnes sur 10 croient que les prix à la consommation vont continuer d’augmenter d’ici 12 mois.
Ce Baromètre s’appuie sur un sondage réalisé en juin auprès de 1000 consommateurs, en collaboration avec la firme Orama Marketing.
Selon un autre sondage, effectué celui-là en ligne par Angus Reid, du 8 au 10 août, auprès de 2279 Canadiens, 56 % des ménages affirment qu’ils n'arrivent pas à suivre, sur le plan financier, l’évolution de l’inflation. Ce taux est à 41 % au Québec. Jusqu’à 80 % des ménages canadiens, et 70 % des ménages québécois, affirment réduire leurs dépenses en raison de l’augmentation du coût de la vie.
Le Québec se dirige vers un net ralentissement de la croissance du PIB réel selon Desjardins, d’ici la fin de l’année. C’est ce qu’écrivait l’économiste Hélène Bégin dans une note publiée le 29 juillet, affirmant que l’Indice précurseur Desjardins montre qu’il y a des signes d’essoufflement de l’économie québécoise.
Les économistes de Desjardins estiment que les probabilités de récession au Canada et aux États-Unis sont d’environ 50 % en 2023. Ils évaluent même que les possibilités sont plus grandes au Canada, en raison de l’importance du secteur de l’énergie dans le produit intérieur brut (PIB).
Combiné à une croissance trimestrielle du PIB réel plus faible prévue au Canada en 2023, nous pourrions entrer en récession plus facilement qu’aux États‑Unis, écrivait l’économiste Randall Bartlett, le 14 juillet. L’économie canadienne est également beaucoup plus sensible aux hausses de taux d’intérêt que celle du sud de la frontière en raison du niveau d’endettement élevé des ménages.
Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, évalue à 35 % le risque de récession au Québec, alors que le PDG de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Charles Émond, allait jusqu’à 40 % de possibilités dans l’entrevue qu’il nous a accordée le 17 août.