
Détecteurs de chute : utiles, mais pas infaillibles
Radio-Canada
Pour se sentir en sécurité, de nombreux aînés qui vivent seuls se tournent vers des colliers munis de boutons d’alerte et d'un détecteur de chute. Mais la technologie n’est pas toujours fiable, contrairement au discours de vendeurs et aux publicités qui se veulent rassurants.
Roland Comtois rêvait de vivre jusqu’à 100 ans. Ingénieur puis député fédéral pendant 18 ans, il était proche de ses deux filles avec qui il aimait voyager. À 86 ans, il a pris son passeport pour dix ans, raconte sa fille Ninon.
Pour un homme de 91 ans, mon père était relativement en très bonne forme, ajoute son autre fille Louise. Leur seule crainte : que leur père fasse une chute dans son logement où il vit seul.
Question d’avoir l’esprit tranquille, en 2019, Roland Comtois se procure un appareil de détection de chute muni d’un bouton d’urgence. Il l’avait tout le temps dans le cou, selon sa fille Louise. Son père est bien conscient que son appareil ne l’empêchera pas de tomber. Mais au moins, en cas de chute, dit-elle, une alerte sera déclenchée et les services d’urgence seront appelés sur place rapidement.
Tout va pour le mieux jusqu’au 31 octobre 2020. Ce jour-là, Louise Comtois reçoit un appel d’un urgentologue. Son père a été transporté à l’hôpital après avoir été découvert inconscient sur le plancher de sa cuisine par le personnel de la résidence privée où il habite.
Il souffre d’un traumatisme crânien avec hémorragies au cerveau. Il meurt quelques heures plus tard des suites de cette chute.
Ça a été le choc de ma vie, explique-t-elle, la voix cassée par l’émotion. Pour Ninon et Louise Comtois, il ne fait aucun doute que leur père portait bel et bien son dispositif lorsqu’il est tombé chez lui. L’enregistrement de l’intervention des ambulanciers, qu’elles ont obtenu, en témoigne, selon elle. On y entend une ambulancière dire qu’elle essaie d’enlever [à Roland Comtois] son affaire médicale qui n’a jamais sonné.
Les chutes chez les personnes âgées sont très courantes. Chaque année, environ 30 % des personnes de 65 ans et plus et 50 % des 80 ans et plus qui vivent dans leur domicile font une chute. Dans sa pratique, la docteure Josée Filion, gériatre au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, voit quotidiennement ce genre de cas. C’est un phénomène d’une importance capitale, souligne la médecin spécialiste. D’autant que la moitié des chutes vont donner lieu à une blessure.
Combinée à une évaluation médicale, elle recommande les appareils de détection de chute à ses patients qui vivent seuls et qui sont à risque de tomber, dans l’espoir de leur éviter de rester un long moment sur le plancher. Quand ils arrivent à l'hôpital avec un séjour prolongé au sol, ça a des conséquences majeures. On s'attend à plus de complications, par exemple au niveau des plaies, dit-elle.