Démonter et déménager une maison ancestrale pourrait devenir plus compliqué
TVA Nouvelles
Une maison datant du 19e siècle a été démontée avant Noël dans Lanaudière, pour être reconstruite quelque part dans les Laurentides, une pratique qui pourrait être freinée par les modifications apportées en avril dernier à la Loi sur le patrimoine culturel.
Sébastien Bourcier, de l'entreprise Maisons traditionnelles des Patriotes, s'est spécialisé dans la restauration des maisons ancestrales. Avec son équipe multidisciplinaire, il parcourt le Québec pour récupérer des matériaux antiques à qui il redonne une deuxième vie.
Il y a quelques mois, des résidents de Saint-Ambroise-de-Kildare l'ont contacté pour lui offrir une maison située sur leur terrain dont ils souhaitaient se débarrasser et pour laquelle ils avaient obtenu un permis de démolition. Voyant son état, Sébastien a jugé qu'elle pouvait être défaite en morceaux pour être reconstruite ailleurs.
«Je l'ai achetée pour un montant symbolique de 1 $ et ensuite je l'ai mise en vente sur mon site internet. Au prix que je l'ai vendue, ça rembourse le salaire et l'hébergement de mes hommes, la grue, les containers. On ne fait pas beaucoup d'argent avec ça, c'est une passion.»
La petite maison de bois aurait été construite vers 1850. «C'est une charpente en pièce sur pièce de 5 à 6 pouces d'épaisseur, typique de cette époque, avec un assemblage de coins en queue-d'aronde. Selon des documents qu'on a trouvés à l'intérieur en démolissant, on sait qu'un monsieur Ernest Chaput y a habité vers 1900.»
L'acheteur de la maison a vécu un coup de foudre en la découvrant. Michaël Jean, excavateur de profession, compte acheter un terrain quelque part dans les Laurentides pour y reconstruire lui-même la maison. «Quand tu rentres dans une maison comme ça, on dirait que les murs te parlent, dit-il. C'est celle que je voulais. J'ai l'intention d'utiliser la structure et de faire mes plans autour de ça, pour créer quelque chose le plus authentique possible, mais en favorisant la lumière.»
Selon eux, récupérer une maison pour la reconstruire ailleurs est un geste de préservation du patrimoine tout en étant une bonne chose pour l'environnement. «On récupère quelque chose qui allait être détruit et jeté. Ce n'est pas tout le monde qui accorde la même valeur aux choses, mais pour moi, c'est 200 ans d'histoire, ça n'a pas de prix», affirme Michaël Jean.
Ce type de projet deviendra toutefois de plus en plus difficile à réaliser, prévient le ministère de la Culture et des Communications (MCC). Depuis avril dernier, nous a confirmé le MCC par courriel, l'entrée en vigueur du projet de loi 69 modifiant la Loi sur le patrimoine culturel oblige les municipalités à l’aviser avant d'émettre un permis de démolition, dans le cas où l'immeuble a été construit avant 1940. S'il le juge pertinent, le ministère pourrait intervenir pour décréter un statut de protection au bâtiment.
De plus, un inventaire de tous les immeubles datant d'avant 1940 devra être fait dans chaque municipalité, d'ici 2026.