
Décret d’urgence fédéral sur le caribou forestier: Québec s’insurge contre Guilbeault
TVA Nouvelles
Le gouvernement Trudeau devra «porter l’odieux d’amener plus de 2000 familles dans la précarité» s’il va de l’avant avec son décret de protection du caribou forestier, s’insurge Québec, qui presse Ottawa de faire marche arrière. Le ministre fédéral Steven Guilbeault et des écologistes accusent la CAQ d'exagérer.
Le ministre de l’Environnement Benoit Charette et sa collègue ministre des Ressources naturelles et des Forêts Maïté Blanchette Vézina ont fait parvenir mercredi matin une lettre cinglante au ministre fédéral de l’Environnement Steven Guilbeault.
Dans leur missive, les deux ministres du gouvernement Legault reprochent à M. Guilbeault de s’ingérer de façon inacceptable dans les compétences du Québec.
«Le Québec partage votre volonté d’assurer la pérennité du caribou forestier», assure d’entrée de jeu le gouvernement du Québec. Mais «la démarche de votre gouvernement visant la prise d’un décret d’urgence en vertu de la Loi sur les espèces en péril constitue un affront inqualifiable», écrivent les ministres Charette et Blanchette Vézina.
Ils rappellent que «la gestion des terres publiques et des espèces qui s’y trouvent, relève de la compétence exclusive du gouvernement québécois».
Québec ajoute que la mise en application du décret d'urgence fédéral pourrait aussi nuire au développement de la filière éolienne, ce qui viendrait «mettre en péril» son objectif d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050.
«Le gouvernement du Québec juge injustifiée l’adoption d’un décret d’urgence visant la protection de l’habitat de trois populations de caribous forestiers au Québec, soit celles de Val-d’Or, Charlevoix et Pipmuacan», résument les deux ministres, dans une longue lettre de huit pages.
Selon M. Charette et Mme Blanchette Vézina, «la baisse projetée de 1,4 million de mètres cubes de bois par année occasionnerait, selon nos estimations, la perte d’un minimum de 2 000 emplois, et ce, uniquement pour les zones provisoires projetées».
Le cabinet de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts a précisé au Journal que ce chiffre est basé «sur l’analyse du Forestier en chef du potentiel décret d’urgence du gouvernement fédéral dans les trois régions visées», et qu’il «tient compte également de l’impact sur les emplois des entreprises qui transforment les produits conjoints du sciage (copeaux, planure, sciure)».