Cultiver ses propres aliments : des taxes jugées contradictoires
Radio-Canada
C’est à cause de la pandémie que Nicola Moore s’est intéressée à la culture des aliments.
Mes parents ont toujours eu un jardin, raconte-t-elle.
Je n’en ai jamais saisi la pleine portée jusqu'à ce que j'aie une famille. Et puis, quand la pandémie est arrivée, je pense que c'était en 2020, j'ai eu peur et je ne savais pas comment j'allais nourrir ma famille chaque jour pour le déjeuner, le dîner et le souper. [...] Pour moi, la réponse était d'apprendre à cultiver ma propre nourriture, s'est résolue la résidente de Hamilton, en Ontario.
Nicola Moore cultive des betteraves, des haricots, des carottes, des concombres, des pois, des radis, de la laitue, des oignons, des poivrons et des tomates, à la fois chez elle et dans un jardin communautaire voisin. Cela représente deux ans d'apprentissage constant, de jardinage, de recherche, et maintenant, la prochaine étape est la mise en conserve pour l'hiver, dit-elle fièrement.
Nicola Moore affirme que les économies réalisées sont importantes, mais qu’elles pourraient être plus grandes. Les semences et les plants qu'elle achète pour cultiver son jardin sont assujettis aux taxes de vente provinciales et fédérales, alors que les aliments cultivés à partir des mêmes semences, qui peuvent être importées au Canada ou transportées par camion sur de grandes distances, ne le sont pas.
Quand on regarde nos statistiques récentes, on a l'impression que le taux de jardinage au Canada n'a jamais été aussi élevé, a déclaré Sylvain Charlebois, directeur scientifique du Laboratoire d'analyse agroalimentaire de l'Université Dalhousie.
Les gens veulent cultiver plus d'aliments pour diverses raisons. L'une d'elles est d'être fiers des aliments qu'ils cultivent. Ils veulent en faire plus pour eux-mêmes. Ils veulent une meilleure qualité. Ils veulent réduire l'empreinte carbone de nos systèmes alimentaires. Mais en fait, beaucoup, beaucoup de citoyens veulent aussi cultiver des aliments pour économiser de l'argent, poursuit l’économiste.
Selon M. Charlebois, le système fiscal joue contre eux, car si une laitue importée de Californie et vendue au supermarché n'est pas grevée d'une taxe de vente, une jeune laitue cultivée au Canada pour être plantée dans un jardin familial, elle, est taxée.
La taxe canadienne sur le carbone n'est peut-être pas populaire dans tous les milieux, mais elle pénalise néanmoins ceux qui ont une empreinte carbone plus importante, tout en récompensant les comportements qui la réduisent.