Cuba : un exode prévisible
Radio-Canada
Près de 200 000 Cubains sont arrivés au cours de cette année financière (depuis octobre) sur le sol américain, selon le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis.
C’est du jamais-vu, et plus que lors des deux grands exodes précédents (ceux de Mariel et des « balseros ») combinés.
Au mois d’avril 2022 seulement, quelque 35 000 Cubains ont été interceptés à la frontière des États-Unis et du Mexique.
Environ 5700 autres personnes ont été arrêtées en mer et retournées à Cuba.
C’est sans compter tous ceux qui se sont dirigés ailleurs, que ce soit en Amérique latine ou en Europe, remarque Mariakarla Nodarse Venancio, directrice adjointe pour Cuba au Bureau de Washington sur l'Amérique latine (WOLA), une ONG américaine.
« On estime qu’environ 300 000 Cubains ont quitté l’île cette année, ce qui représente presque 3 % de la population [de 11,3 millions de personnes]. »
Près de 13 000 Cubains ont demandé asile au Mexique depuis janvier, soit 60 % de plus qu’en 2021.
Toutes les conditions sont réunies, note Jorge Duany, directeur de l’Institut de recherche sur Cuba de l’Université internationale de la Floride. Des facteurs politiques, économiques et sanitaires se sont conjugués pour produire cet exode extraordinaire.
Le point de départ est une économie stagnante qui ne parvient pas à répondre aux besoins la population, souligne M. Duany. Puis est survenue la pandémie. Le tourisme, qui est la deuxième entrée de devises de l’île et qui représente 10 % du PIB, s’est effondré. On est passé de plus de 4 millions de visiteurs en 2019 à moins de 350 000 en 2021.