Crise humanitaire à Montréal : « Nous, on veut juste s’en sortir, comme les gens normaux »
Radio-Canada
« Nous, on veut juste s'en sortir, comme les gens normaux. Personne ne choisit d'être dans la rue. » Ces propos, ce sont ceux d'une jeune femme de 24 ans, sans domicile fixe depuis huit mois et enceinte depuis deux.
Rencontrée près de l'église de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve qui lui sert de refuge, cette femme déplore que les loyers du quartier soient devenus inabordables, se situant entre 1000 et 2000 $ par mois.
Par ailleurs, plusieurs personnes admises au refuge consomment de la drogue, affirme la jeune femme, ce qui peut provoquer des crises. Au lieu de les aider et de les envoyer à l'hôpital psychiatrique, on les met dans la rue, soutient-elle, faute de ressources.
Cette femme, qui souhaite plus que tout retrouver un toit avant d'accoucher, est l'un des visages de ce qui est décrit comme une crise humanitaire dans la métropole. Une crise aux allures de tempête parfaite, où les organismes communautaires tentent tant bien que mal de garder la tête hors de l'eau.
Selon Annie Aubertin, directrice générale de Spectre de rue, un organisme installé dans Ville-Marie doté d'un site d'injection supervisé, l'un des facteurs contribuant à empirer cette crise est le fait que la qualité des drogues circulant dans la rue a largement diminué. Et en raison du fait que les stupéfiants sont ainsi trafiqués avec toutes sortes de choses, dont du Fentanyl, en plus d'être mal dosés, le nombre de surdoses, lui, est en forte hausse.
D'une surdose par semaine, ou peut-être par deux semaines, on est passés à environ une par jour, en moyenne, cet été. Des fois, deux, indique Mme Aubertin, avant de préciser qu'en raison de la disponibilité de la naloxone, aucun consommateur de drogue n'a perdu la vie dans les locaux de l'organisation.
On a l'objectif que les gens repartent sur leurs deux pieds, et en vie, lance-t-elle en entrevue pour Radio-Canada.
Sa collègue Alicia Morales, elle, est catégorique : on dénombre cinq fois plus de surdoses qu'en 2019.
Les gens consomment-ils davantage? De l'avis de Mme Aubertin, ils sont-ils plus nombreux à visiter les locaux de Spectre de rue parce que les personnes qui s'injectent ont de plus en plus conscience que c'est dangereux, et qu'ils ont donc avantage à venir sur un site d'injection supervisé.