Cri du cœur des journalistes pigistes du Québec
Radio-Canada
Un nouveau sondage mené par la firme MCE Conseils dresse un portrait sombre de la situation des journalistes pigistes au Québec, dont les revenus n'auraient pas augmenté depuis 10 ans. Ces personnes gagnent en moyenne 31 336 $ par année, et 29 % d’entre elles travaillent au salaire minimum ou moins, alors que 79 % d’entre elles sont titulaires d'un baccalauréat ou d'un diplôme de maîtrise.
Les résultats du sondage ont été dévoilés un jour après que des pigistes au Devoir ont publié une lettre ouverte dans laquelle ils et elles dénonçaient la stagnation des tarifs du journal pour leur travail, lesquels n’ont pas augmenté en une décennie.
La lettre est signée par la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN) et l'Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), qui sont également derrière le sondage de MCE Conseils.
Quelques statistiques éloquentes ressortent du sondage, auquel ont répondu des journalistes contribuant au Devoir, à La Presse, à Radio-Canada, au journal Les Affaires, au Soleil, au Globe and Mail ou au Journal de Montréal, mais aussi au Washington Post, au Wall Street Journal ou aux journaux français Le Monde et Libération.
Jusqu'à 66 % des journalistes témoignent d'une insatisfaction quant aux tarifs perçus alors que le tarif moyen s’élève à 109 $ pour 250 mots; 59 % disent devoir exercer d’autres activités professionnelles; 70 % connaissent des retards de paiement de la part de clients ou de clientes; et 50 % des pigistes n’ont aucune sécurité financière.
Travailler au même salaire qu'il y a 10, 20 ou même 30 ans? N'avoir aucun filet social et n'avoir aucun pouvoir de négociation? Renoncer à ses droits pour pouvoir travailler et être rappelé? C'est [la réalité] des journalistes pigistes en 2022, a expliqué dans un communiqué Annick Charette, présidente de la FNCC-CSN.
Elle dénonce le fait que les pigistes, du fait de leur statut, sont dans une zone grise législative, ne pouvant ainsi accéder à aucune des dispositions du Code du travail, ce qui les laisse sans droit et sans filet social. Les employeurs ont toujours le gros bout du bâton, et ils en profitent, ajoute-t-elle.
Même son de cloche du côté de Gabrielle Brassard-Lecours, présidente de l'AJIQ, qui croit que la situation des pigistes doit s’améliorer dès maintenant. En acceptant de dialoguer avec nous, les directions contribueraient à créer un précédent qui servirait de levier pour inciter les autres médias à emboîter le pas afin d'offrir de meilleures conditions aux journalistes indépendants , a-t-elle conclu.