Créons maintenant des incitatifs à l’entrepreneuriat
TVA Nouvelles
Personne ne sera surpris d’apprendre que les entreprises sont le socle sur lequel repose notre économie. Il est toutefois dangereux de penser que cette assise ne peut être menacée. Que ce soit le contexte post-pandémique, le taux de lancement et de survie des entreprises ou le manque de relève, l’économie du Québec fait face à un cocktail explosif.
Après 24 mois d’incertitudes, les craintes associées au manque de prévisibilité ainsi que la pression financière et psychologique qui repose sur les entrepreneurs, auront-elles un impact sur les créations d’entreprises ? C’est une inquiétude légitime et une question que nous devons nous poser. Car le sentiment de sécurité d’un emploi stable paraît désormais beaucoup plus attractif pour bien des gens que de se risquer à se lancer en affaires. L’insécurité post-pandémique freine la prise de risque.
Comme chaque année, l’Indice entrepreneurial québécois du Réseau Mentorat nous renseigne sur les intentions des Québécois de se lancer en affaires. Et là, surprise ! Le taux d’intention a baissé de 5 % entre 2019 et 2021. Il se situe désormais à 15,1 %.
Si l’intention ne vaut pas passage à l’action, il sera difficile de ne pas voir un lien de cause à effet en regardant le taux de lancement d’entreprise dans les prochaines années. Le taux de propriétaires d’entreprises reste stable à 5,6 %. Toutefois, il reste déjà bien inférieur à celui de nos voisins ontariens qui se situe au-dessus de 8 %.
Le taux de survie des entreprises au Québec est à peine supérieur à 50 % après cinq ans. Une autre statistique frappante, et assez peu encourageante, il faut le dire. Les causes derrière ce taux d’échec entre la deuxième et la cinquième année sont nombreuses. Il existe pourtant des mesures intéressantes en amont pour les mettre dans les meilleures conditions pour faire face à cette période que l’on surnomme la « vallée de la mort ».
Premièrement, créer des incitatifs inédits à l’entrepreneuriat a par le passé démontré son efficacité à moindre coût pour les paliers gouvernementaux. Une étude d’impact économique commandée par le RJCCQ en 2021 a d’ailleurs démontré que défiscaliser le salaire des fondateurs de startup pendant les deux premières années entraînerait un gain net du produit intérieur brut québécois et permettrait de créer plus de 2000 emplois d’avenir.
Dans un deuxième temps, face au nombre astronomique d’entreprises à céder au Québec dans les deux prochaines années ainsi qu’au manque de relève, valoriser le repreneuriat et créer un incitatif fiscal pour reprendre seraient très pertinents. L’alignement des régimes fiscaux pour le transfert familial mis en place par nos gouvernements en 2021 était déjà une bonne chose. Mais on redressait une situation inéquitable. On n’encourageait pas dans ce cas tous les autres types de repreneuriat existants.
Il est faux de penser qu’il faut avoir une idée de génie pour lancer son entreprise. Reprendre une entreprise et l’amener ailleurs grâce à une vision innovatrice peut amener une croissance enviable.
Les entreprises et notamment les jeunes pousses sont le moteur de l’innovation. Cependant, si nous souhaitons relever les défis qui se présentent à nous et bâtir l’économie du futur, ne pas créer des incitatifs inédits à l’entrepreneuriat et au repreneuriat serait, à mon avis, une erreur. On n’a jamais reproché à un pompier d’utiliser trop d’eau pour éteindre un incendie. On a aujourd’hui l’opportunité d’utiliser un seau d’eau pour éviter qu’une telle catastrophe se produise.