
CPE: la grande déroute
TVA Nouvelles
Le réseau de la petite enfance est un des plus beaux joyaux que la société québécoise s’est donné. Lancé en 1997 par Pauline Marois, sa mise en place a marqué un tournant décisif dans la quête d'égalité entre hommes et femmes, tout en assurant une éducation de premier ordre pour les petits Québécois.
Or, après la phase initiale de mise en œuvre du réseau par le gouvernement de Lucien Bouchard, les gouvernements libéraux ont mis un frein au développement des CPE pour mieux soutenir l’émergence de garderies privées. La CAQ ne déroge malheureusement pas à cette tendance.
En effet, bien que le gouvernement actuel se soit engagé à «compléter le réseau» d’ici 2025 afin que «chaque enfant bénéficie d'une place subventionnée», le choix des garderies privées aux dépens du réseau des CPE est manifeste. Ainsi, non seulement la CAQ n’atteindra-t-elle vraisemblablement pas son objectif de créer 37 000 nouvelles places, mais le réseau des CPE, lui, se retrouve une fois dans le rôle de négligé.
Lors des dernières élections, la CAQ s'était non seulement engagée à éliminer complètement la liste d'attente, mais également à convertir 11 200 places par année pendant 5 ans de garderies privées non subventionnées en places subventionnées. Ces places nouvelles ainsi que les conversions, pensait-on, permettraient de compléter le réseau des services de garde éducatifs à la petite enfance des CPE. Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a d’ailleurs précisé dans la loi, lors de sa réforme de 2022, que toute nouvelle place subventionnée devait être d’abord offerte aux CPE existants et aux organismes qui veulent le devenir.
Depuis, le développement des CPE tourne au ralenti, tandis que les projets de conversion visent presque exclusivement la transformation de garderies privées en garderies privées subventionnées. Le refus obstiné de convertir la garderie privée Villa Montessori en CPE, à Québec, illustre bien la déroute gouvernementale.
Pendant ce temps, la liste d’attente officielle pour une place en garderie oscille toujours autour de 30 000 enfants. Pire encore, au dernier budget, ce gouvernement ne prévoit subventionner que 1000 places supplémentaires cette année, ce qui est 10 fois moins que la promesse initiale.
En plus des choix politiques et budgétaires qui négligent le réseau des CPE, la CAQ a entrepris un inquiétant glissement sémantique qui assimile les garderies privées au réseau de services éducatifs à la petite enfance. Rappelons que contrairement aux garderies privées, le réseau des CPE s’inscrit non pas dans une logique de profits, mais dans une approche de pérennité, de qualité et de participation démocratique des parents.
Les CPE répondent aux standards ministériels de qualité dans une proportion de 89%, ils sont le premier choix d’une vaste majorité de parents, et les conditions de travail des éducatrices y sont encadrées par des conventions collectives dûment négociées.
Devant cette réalité, le Parti Québécois réitère son objectif d’un réseau 100% CPE, qui soit inclus dans le continuum du système d’éducation québécois, de la petite enfance jusqu’à l’université. C’est de cette manière que nous pourrons garantir aux familles une place éducative de qualité supérieure pour chaque enfant, que nous assurerons l’égalité des chances pour tous et que nous reviendrons à l’esprit de ce qu’a lancé Mme Marois, un réseau public de qualité, reconnu à l’international et qui fait l’envie de toutes les juridictions de la planète.