COVID-19 : des experts frustrés par le manque de volonté pour améliorer la ventilation
Radio-Canada
La ventilation avec filtration de l’air dans les bâtiments est l’un des outils à notre disposition pour freiner la propagation du SRAS-CoV-2. Mais deux ans et demi après le début de la pandémie, plusieurs experts comprennent mal pourquoi on ignore cet élément.
Selon les experts interviewés, il est inconcevable qu’on n’ait pas encore investi assez de temps ou l’argent nécessaire pour améliorer la qualité de l’air et réduire les risques de transmission du virus. Avec l’arrivée de l’automne et de possibles nouvelles vagues et variants, combinés à un relâchement complet des mesures, cette question devrait être à l’avant-plan, disent-ils.
Jeffrey Siegel est d’ailleurs frustré de voir que la situation ne semble pas changer après plus de deux ans. On en parlait à l’été 2020, puis à l’été 2021. Et là, on est encore dans le même bateau, dit ce professeur d'ingénierie à l'Université de Toronto et spécialiste de la ventilation.
« On a abandonné presque toutes les autres mesures. Il nous reste la ventilation. Le fait que ça ne fasse pas partie de notre arsenal est problématique. »
Même son de cloche pour Nancy Delagrave, physicienne et coordonnatrice scientifique du collectif COVID Stop. Enlever les masques, ça a des conséquences. Si on enlève les masques sans bonne ventilation, ça veut dire qu’on n’est pas prêts à affronter une nouvelle vague. On ne se donne pas les outils pour minimiser les infections et les hospitalisations.
Si le monde veut vivre avec ce virus, on doit adopter une attitude différente et incorporer la qualité de l’air intérieur dans les interventions en santé publique et gouvernementales, ajoute Peter Guthrie, vice-président du Royal Academy of Engineering au Royaume-Uni et auteur d'un rapport sur les moyens à prendre pour améliorer la santé de nos environnements intérieurs (Nouvelle fenêtre).
Bien sûr, la pandémie est différente maintenant parce que les chances d’avoir des complications sévères sont moins élevées, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Et c’est sans compter les conséquences économiques [d’un nombre élevé d’infections], ajoute-t-il.
L’une des conclusions du rapport mené par M. Guthrie est que le public a le droit d’avoir accès à des bâtiments conçus et gérés de manière à contrôler les infections et à minimiser l'impact des maladies saisonnières et des futures pandémies.
Après tout, la plus grande partie de l'air que nous respirons au cours de notre vie est à l’intérieur, rappelle Richard Corsi, doyen du Davis College of Engineering de l’Université de la Californie, qui a étudié pendant des décennies la qualité de l'air intérieur.