Coupes forestières : quelle latitude pour les conseils de bande?
Radio-Canada
Plusieurs chefs de territoire atikamekw disent se sentir seuls face aux compagnies forestières et au ministère des Forêts du Québec. Et que ces derniers profitent du difficile équilibre à maintenir pour les conseils de bande entre le développement économique et la protection du territoire. Quelle est leur latitude réelle?, questionnent ces chefs de territoire alors qu’ils sont de plus en plus nombreux à dénoncer les coupes forestières.
On est pris entre l’arbre et l’écorce, tranche le chef d’Opitciwan, Jean-Claude Mequish.
En effet, d’un côté il y a des familles, des chefs de territoire qui font part de leur inquiétude voire leur exaspération quant aux coupes forestières qu’ils qualifient d’abusives. Les chefs de territoire surveillent et autorisent l'accès aux ressources sur leur territoire ancestral familial.
De l’autre, il y a la scierie qui appartient à 55 % au Conseil Atikamekw d’Opitciwan et qui fait travailler à divers degrés 100 membres de la communauté. Produits forestiers Résolu détient le reste.
Le chef Mequish le constate tout de même : les gens sont un peu tannés, ils n’en veulent plus des développements sur notre territoire.
La crise pancanadienne née de l’opposition de chefs héréditaires wet’suwet’en au projet de gazoduc Coastal GasLink, en Colombie-Britannique, avec en toile de fond les droits et titres ancestraux sur un territoire non cédé, semble avoir eu un impact sur les chefs de territoire, explique Jean-Claude Mequish.
Ils s’appuient dessus pour avoir un mot à dire pour freiner les coupes de bois subies. On essaie de rencontrer les chefs de territoire, car je me suis aperçu que de plus en plus de familles s’opposent au développement, précise-t-il. Ça n’a pas de bon sens, ça coupe ben trop!
Mais d’un même souffle, il explique le dilemme qui le taraude. Si on fait un moratoire, la scierie ne fonctionnera plus. Comment faire vivre ceux qui y travaillent? Des entrepreneurs autochtones ont fait des emprunts bancaires importants dans la machinerie!
C’est difficile pour nous, les élus de se positionner par rapport aux opérations forestières, conclut-il, reconnaissant tout de même que quelque chose ne marche pas avec les coupes.