Couler du métal pour sauver l’économie ukrainienne
Radio-Canada
Dans le haut fourneau numéro 6 de l’entreprise ArcelorMittal Kryvyi Rih, l’activité a repris depuis quelques semaines. Dans une chaleur écrasante et un brouhaha constant, ils sont une poignée d’employés vêtus d’équipement ignifuge avec une mission ô combien primordiale : s’assurer que de plus en plus de produits de l’acier sortent de l’usine pour renflouer les caisses du pays et pour nourrir des dizaines de milliers de bouches ukrainiennes.
Une lourde responsabilité que Galushkin Mykola, chef de la production, ne prend pas à la légère : On a un devoir de prendre soin des familles des employés. C’est d’ailleurs pour cela que l’entreprise a redémarré le plus tôt possible ses [activités : pour] soutenir le gagne-pain des milliers d’employés et [...] donner un coup de pouce aux finances de l’Ukraine.
L’usine minière et sidérurgique intégrée comprend des mines de fer, des usines de traitement du minerai et deux mines à ciel ouvert, une cokerie, des ateliers sidérurgiques et trois ateliers de laminage des métaux. L’entreprise, qui emploie plus de 22 000 personnes et soutient indirectement quelques dizaines de milliers d'autres, a dû cesser ses activités au début de la guerre. Enfin presque…
En février dernier, les activités minières ont été interrompues dans la région par mesure de prévention, dans la crainte de coupures d’électricité qui auraient pu empêcher toute évacuation des mineurs. Comme l'extraction des matières premières était au ralenti, l’un des plus importants employeurs de la région de Kryvyi Rih a dû réduire au maximum ses activités dans les hauts fourneaux.
Galushkin Mykola était très inquiet puisqu’il était hors de question de fermer complètement une aciérie. Non seulement une telle fermeture peut prendre plusieurs semaines et endommager gravement les installations, mais la complexité du processus force parfois à devoir attendre quelques années avant de pouvoir redémarrer les fonderies.
Toutefois, à l’aide du chemin de fer et du gouvernement ukrainien, cette usine d’ArcelorMittal, qui a été privatisée en 1996, a pu avoir le minimum nécessaire pour fonctionner au ralenti grâce à un apport de matières premières en provenance de la Pologne notamment, puisque la chaîne d’approvisionnement russe a été complètement fermée au début de la guerre.
De quoi soulager des employés comme Donskov Anton, un Ukrainien qui s’occupe des opérations dans la salle de contrôle du haut fourneau numéro 6 : J'étais inquiet, car je craignais que l’usine soit fermée jusqu'à la fin de la guerre. Avec la reprise partielle des activités, cela me permet d’avoir suffisamment d’argent pour nourrir et prendre soin de ma famille.
Il est aussi fier, dit-il, de contribuer au redémarrage économique de son pays et de pouvoir aussi, par ricochet, aider l’armée à défendre son pays. Un élan patriotique qui a d’ailleurs poussé pas moins de 2000 employés de la société métallurgique à s’engager dans l'armée.
Dans son bureau situé sur le vaste terrain de l’entreprise de Kryvyi Rih, Natalya Marynyuk, qui dirige le syndicat des employés, souligne le dévouement de ses membres qui ont quitté leurs familles pour défendre le pays contre les assauts russes : Nous leur avons fourni des gilets pare-balles, des casques, des valises, des sacs, et nous donnons un coup de main à leurs familles restées en ville.