Convoi des camionneurs : une officière admet les erreurs de la police d’Ottawa
Radio-Canada
Un premier témoignage offert à la Commission d'enquête sur l'état d'urgence par le Service de police d'Ottawa (SPO) permet de mieux comprendre comment celui-ci a pu, l'hiver dernier, perdre le contrôle du centre-ville, lorsque celui-ci a été pris d'assaut par des camionneurs et par d'autres manifestants, qui ne l'ont plus quitté pendant trois semaines.
Devant le juge Rouleau, la cheffe adjointe par intérim du SPO, Patricia (Trish) Ferguson, a admis que le corps policier, qui croyait que les protestataires partiraient au bout de deux jours, avait, de toute évidence, erré dans son analyse de la situation.
Je suppose que nous aurions dû donner plus de crédibilité aux renseignements nous disant qu'il y avait une partie [des manifestants] qui entendait rester beaucoup plus longtemps, a-t-elle reconnu, référant aux preuves soumises à la Commission qui montrent que le SPO avait été prévenu de cette possibilité deux fois plutôt qu'une.
Mme Ferguson a aussi convenu que le Service de police s'était basé sur un plan « standard » pour accueillir les camionneurs et autres protestataires, la fin de semaine du 29 et du 30 janvier, et qu'il a tardé à mettre à jour ce plan lorsqu'il est devenu évident, le dimanche soir, que la protestation s'était muée en occupation.
Le vendredi 4 février, soit une semaine après l'arrivée du convoi, la police d'Ottawa n'avait toujours pas de plan adapté, a-t-elle concédé, expliquant que personne au SPO n'avait reçu le mandat de se concentrer uniquement sur la planification.
La cheffe adjointe par intérim a également admis jeudi que l'équipe de liaison entre les policiers et les manifestants, qui était sous sa responsabilité, avaient failli à désescalader la situation au centre-ville.
Elle a toutefois évoqué un désaccord entre elle et l'ex-chef de la police d'Ottawa, Peter Sloly, à propos de la stratégie à adopter à l'encontre des protestataires, son ancien patron étant, selon elle, davantage prêt à utiliser la méthode forte.
À en croire le témoignage de Mme Ferguson, celle-ci estimait que les pourparlers quotidiens entre les deux camps mèneraient à de meilleurs résultats à long terme, alors que M. Sloly, lui, était réticent à négocier avec des protestataires, qu'il qualifiait d'illégaux et d'anarchiques.
Sévère à l'endroit du leadership de son ancien supérieur, Mme Ferguson reproche notamment à Peter Sloly d'être intervenu dans la chaîne de commandement et d'avoir tenté d'imposer la ligne dure sur le terrain et... au sein de ses propres troupes.