Convoi des camionneurs : les hôteliers avaient sonné l’alarme
Radio-Canada
La Ville d'Ottawa et son service de police avaient été avertis que certains protestataires prévoyaient rester dans la capitale pendant des semaines et bloquer des rues, selon des preuves présentées lundi dans le cadre de l'enquête sur l'utilisation par le gouvernement fédéral de la Loi sur les mesures d'urgence, l'hiver dernier.
Le président de l'Association des hôtels d'Ottawa-Gatineau, Steve Ball, avait écrit un courriel au bureau du maire Jim Watson le 25 janvier, soit quelques jours avant le début du rassemblement, pour dire que des manifestants cherchaient à réserver des chambres d'hôtel pour une période de 30 à 90 jours.
Il évoquait alors la présence de 10 000 à 15 000 protestataires.
Leur plan consiste essentiellement à laisser leurs camions en place, à les enchaîner et à tenter de bloquer tous les accès à la ville, peut-on lire dans le courriel qui a été déposé en preuve dans le cadre de la Commission d'enquête sur l'état d'urgence, présidée par le juge Paul Rouleau.
Ce message avait été transmis à Steve Kanellakos, le directeur général de la Ville d'Ottawa, qui a indiqué lors de sa comparution devant la commission, lundi, l'avoir transmis à la police. À l'époque, celle-ci croyait toutefois que la manifestation se disperserait après quelques jours, a-t-il déclaré.
« On partait avec l'hypothèse que les manifestants allaient quitter après la fin de semaine. Nous avions déjà vécu l’expérience avec des manifestations d’agriculteurs lors desquelles des tracteurs et des camions lourds avaient envahi le cœur du centre-ville pour ensuite quitter [les lieux] après l’événement. »
M. Kanellakos a plaidé lundi que la Ville n'aurait pas pu décider de manière indépendante de fermer certaines rues avant ou pendant le siège, car la police, qui ne relève pas de son autorité, était responsable des opérations.
Or, les manifestants ont utilisé des véhicules pour bloquer les principales artères du centre-ville d'Ottawa pendant près d'un mois pour protester contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19 et pour exiger la démission du gouvernement Trudeau.
Le gouvernement Trudeau a finalement invoqué la Loi sur les mesures d'urgence le 14 février, une première depuis son adoption en 1988 pour remplacer la Loi sur les mesures de guerre.