
Convoi des camionneurs : la police d’Ottawa aurait vite perdu la confiance du fédéral
Radio-Canada
Des échanges de textos entre la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et son homologue de la Police provinciale de l'Ontario (PPO) montrent que l'occupation du centre-ville d'Ottawa, l'hiver dernier, a rapidement poussé le gouvernement du Canada à s'interroger sur la capacité du service de police local à faire face à la crise.
Ces messages, déposés en preuve jeudi à la commission Rouleau, évoquent une possible invocation de la Loi sur les mesures d'urgence dès le samedi 5 février, soit une semaine après le début de l'occupation.
Dans une série de textos transmis ce jour-là par Brenda Lucki à Thomas Carrique, la grande patronne de la police fédérale soutient que le gouvernement du Canada est en voie de perdre confiance ou a déjà perdu confiance envers le SPO.
La commissaire mentionne en outre que la GRC ou la PPO pourrait devoir prendre les rênes de l'opération si la Loi sur les mesures d'urgence est invoquée, ce [qu'elle] ne souhaite pas.
Mme Lucki explique ensuite qu'elle tente tant bien que mal de calmer les ministres du Cabinet Trudeau, mais que ce n'est pas facile lorsque ceux-ci voient des jeux gonflables dans le centre-ville d'Ottawa.
De nombreux policiers convoqués à la commission soutiennent depuis deux semaines que, si la Loi sur les mesures d'urgence les a aidés à déloger les manifestants, son invocation n'était pas pour autant indispensable.
Dans le sommaire de son interrogatoire mené en amont des audiences publiques, le commissaire Carrique affirme par exemple que son organisation n'a pas changé d'approche après le 14 février, lorsque le gouvernement Trudeau a déclaré l'état d'urgence.
Les pouvoirs extraordinaires qui ont été délégués aux policiers par la suite n'ont pas été nécessaires pour réquisitionner des dépanneuses et restreindre la présence des manifestants au centre-ville, illustre M. Carrique. Mais elles ont été utiles pour indemniser les entreprises de remorquage, convient-il.
En fait, la déclaration d'urgence provinciale du 11 février a été plus utile à la PPO que son équivalent fédéral, souligne M. Carrique, citant par exemple le droit de saisir temporairement des véhicules, qui a aidé à mettre fin à une manifestation sur l'autoroute 402.