Contre Pékin, un tournant stratégique vers l’Asie
Radio-Canada
Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie ont annoncé, le 15 septembre au soir (16 septembre an Asie), la mise sur pied d’une alliance stratégique nouvelle, baptisée « Partenariat de sécurité dans la zone indopacifique », et dotée d’un sigle bizarre : AUKUS (d’après les noms des trois pays).
Les deux premiers pays vont fournir au troisième, l’Australie, des équipements incluant des sous-marins nucléaires, des armements et des technologies de pointe en matière de renseignement.
Même si la Chine n’est pas nommée dans la déclaration commune, son ombre géante est bien là, derrière. La puissance de ce pays, perçu comme une menace par plusieurs États asiatiques, apparaît en filigrane du projet, comme cause réelle de cette mobilisation stratégique des trois grands pays anglo-saxons.
Pourquoi cette mobilisation?
La Chine menace de conquérir Taïwan, île indépendante de facto, mais que Pékin considère comme une province rebelle. Elle conteste au Japon la souveraineté sur les îles Senkaku. Elle bâtit des bases en Afrique (Djibouti).
Surtout, la Chine revendique 90 ou 95 % de la mer de Chine méridionale (appelée mer de l’Est par les Vietnamiens), immense espace maritime (3,5 millions de kilomètres carrés) deux fois la grandeur du Québec, au grand dam des voisins riverains que sont les Philippins, les Vietnamiens, les Malaisiens, les Taïwanais, etc. Elle y a bâti et continue de bâtir à grands frais des îles artificielles qui deviennent des bases militaires, et expulsent de facto la notion d’espace maritime international et partagé.
La Chine a vu son budget de défense, hors inflation, être multiplié par six entre 2000 et 2020. Elle a désormais une véritable flotte de classe mondiale. Depuis dix ans, l’augmentation annuelle de ce budget n’a jamais été inférieure à 6,5 %, et a souvent dépassé les 10 %.