Conflit au cœur des œufs du Québec
Radio-Canada
Si l’on connaît bien les œufs de consommation, des incontournables du garde-manger, on ne peut en dire autant des œufs d’incubation. Il s’agit d’œufs fécondés qu’on incube mécaniquement. Une fois éclos, les poussins deviendront soit des poulets de chair, soit des poules pondeuses ou encore des oiseaux reproducteurs.
Au Québec, une quarantaine d’entreprises se spécialisent dans la production d’œufs d’incubation. À partir de deux lignées de poules importées des États-Unis, la Ross et la Cobb, ils livrent chaque année plus de 230 millions d'œufs à de grands couvoirs, où les œufs sont incubés. Une fois éclos, les poussins sont transférés dans des fermes commerciales.
Il y a aussi plusieurs dizaines de producteurs artisans. Ils élèvent des poules de races rustiques, patrimoniales ou menacées et assurent eux-mêmes la reproduction des volailles. Certains visent l’autosuffisance alimentaire, tandis que d’autres font de la vente directe d'œufs d’incubation, de poussins et de volailles.
Des petits producteurs comme Marlène Bonneville, propriétaire de l’élevage Feathers and Pines Farm à Saint-Roch-de-Mékinac, en Mauricie. Elle élève une douzaine de variétés d'oiseaux et vend des œufs fécondés et des volailles.
« On n'est pas du tout en compétition avec les grands élevages industriels. Ce qu'on fait, c'est complètement en parallèle de ça. On est vraiment dans la préservation des races. »
Or, sans le savoir, ces producteurs artisans travaillent en quelque sorte dans l’illégalité.
Car depuis 40 ans, tout producteur qui produit des œufs d’incubation pour ses besoins personnels ou pour la vente doit détenir un quota, une sorte de droit de produire. La Fédération, les POIQ, administre un plan conjoint, c’est-à-dire le mécanisme qui régule la production et la mise en marché des œufs d’incubation. À l’origine, cet outil a été conçu pour répondre aux besoins de l’industrie avicole. Les petits éleveurs, dont les œufs ne sont pas destinés aux grands couvoirs, ont présumé qu’ils n’avaient pas à s’y conformer et ont toujours produit sans quota.
Mais les poules rustiques et patrimoniales gagnent en popularité. Le président des POIQ, Gyslain Loyer, dit recevoir des appels de personnes intéressées à se lancer dans la production à petite échelle.
En août dernier, la Fédération a donc décidé de régulariser le statut des producteurs artisans.